À l’occasion du procès, les demandes de comparution volontaire ont été rejetées par le juge, qui a souhaité ne juger que la conductrice de la fourgonnette, sur la base d’une infraction au code de la route.
Après que l’avocat a défendu la légitimité de cette action de désobéissance civile, invoquant l’état de nécessité face au risque nucléaire, différents témoins ont défendu l’importance d’agir contre les transports nucléaires. Didier Latorre, porte-parole du collectif STOP-Uranium, a rappelé que les militants « ne sont pas des délinquants routiers, mais des lanceurs d’alerte face à l’omerta, dans un pays où on ne remet pas en question le nucléaire après Fukushima. Cette action, qui s’est déroulée en toute sécurité a permis de mettre en lumière les risques de l’usine Comurhex Malvési et de ces transports. Ce sont nos observations qui ont permis de rendre public le nombre de camions qui sillonnent les routes tous les jours. Aujourd’hui c’est nous qui sommes à la barre alors que la Comurhex fait fi des lois et règlements depuis des années ».
Francis Viguier, lui, a témoigné avoir participé à cette action en tant qu’élu municipal, « pour protester contre le fait que nous soyons tenus dans l’ignorance de ces transports et de leurs risques alors qu’il est de notre devoir de garantir la santé et la sécurité publique. Je ne veux pas me retrouver dans la situation du maire de Drancy, qui n’a pas su quoi faire face au déraillement d’un convoi nucléaire ».
Enfin, Bruno Chareyron, ingénieur nucléaire de la CRIIRAD, est intervenu en tant que témoin de moralité, « pour affirmer l’importance d’informer la population sur les transports radioactifs et leurs risques. Il y a une incohérence entre les normes de la radioprotection pour le grand public et celles de ces convois radioactifs. Par ailleurs, en matière d’exposition à la radioactivité, il n’y a pas de dose d’innocuité ». La CRIIRAD avait d’ailleurs préparé une analyse détaillée sur ces convois et l'usine AREVA-Comurhex de Malvési, qu’elle suit de près.
Le procureur a rappelé l’existence d’une plainte déposée par le Réseau “Sortir du nucléaire" contre l’usine AREVA-Comurhex Malvési pour fonctionnement illégal pendant plusieurs années. Tout en déclarant que le rôle de la justice n’était pas de statuer sur le comportement des exploitants nucléaires, il a mentionné que l’action des militants pouvait faire évoluer la société, reconnaissant implicitement l’intérêt de telles mobilisations. Suivi par le juge, il a requis la reconnaissance de la culpabilité pour la militante, mais avec dispense de peine.
Le Réseau “Sortir du nucléaire“ se félicite qu’aucune condamnation lourde ne soit venue écraser les militants. « On peut certes regretter que la réduction à une simple infraction routière ait occulté le caractère collectif et politique de l’action », déclare Laura Hameaux, chargée de campagne, « mais pour nous, l’absence de condamnation revient à reconnaître sa légitimité. Il faut espérer que la justice fera preuve de la même clairvoyance lorsqu’elle jugera l’entreprise délinquante Comurhex Malvési ! »
Retrouvez le suivi du procès sur notre site : http://www.sortirdunucleaire.org/proces-bloqueurs-20-fevrier