Pour ceux qui ne lisent pas la presse et qui ne regardent plus les médias audiovisuels, je les informe qu’il fait plusieurs degrés de plus, ces jours-ci en France, qu’à l’accoutumée pour un mois de décembre.
Quelques jours après la clôture de la COP21, le journal télévisé de France 2 se devait de traiter cette information autrement plus importante que la montée du chômage ou le déficit abyssal de la France. Ainsi, mardi 15 décembre dernier, le journaliste spécialiste en climatologie de la chaîne Nicolas Chateauneuf (diplômé en histoire puis d’une école de journalisme) décryptait « les températures historiquement chaudes enregistrées pour cette année 2015 ». Il est « l’expert » appelé en renfort durant le journal, par David Pujadas, depuis le licenciement de Philippe Verdier.
Comme à son habitude, il nous montrait un histogramme en 3D des températures moyennes où, sur l’axe des abscisses, aucune année n’est mentionnée, et où l’axe des ordonnées ne comporte aucune indication d’échelle. Au cas où quelqu’un essayerait de contester, il serait simple d’affirmer que ce graphique n’est qu’indicatif ; cependant, il fait son effet.
Comme habituellement, on pouvait constater la façon étrange dont cet histogramme était filmé : uniquement de biais, avec un gros plan sur l’augmentation des années 90, et la dernière barre plus haute que les autres. Seul le téléspectateur informé pouvait deviner la stagnation des températures moyennes de 1999 à 2014. Pas un mot à ce sujet et des allusions constantes au réchauffement climatique, « la tendance de fond ». Le phénomène « El Niño » exceptionnel que subit la planète cette année était évoqué brièvement, comme un événement lointain.
Et puis, vendredi, n’y tenant plus – l’occasion étant si bonne -, El Niño était oublié. Il laissait la place à une explication du spécialiste français de la question, celui que l’on interviewe exclusivement depuis des années lorsqu’il faut justifier n’importe quel phénomène météo par un lien avec le réchauffement climatique : le célèbre Jean Jouzel, celui que toute la presse et les politiques écoutent et respectent comme un prophète, oubliant au passage qu’en 2012, il s’est affilié au parti de gauche Nouvelle donne.
Et pourtant, comme en 1997, l’indice « El Niño » de 2015 est particulièrement élevé et l’on sait que ces années et celle qui les suit sont exceptionnellement chaudes. On sait également que ce phénomène océanique perturbe la circulation atmosphérique générale, qu’il dure entre 6 et 18 mois et qu’il est à son maximum vers Noël, selon le site de Météo-France. Tout ça, évidemment, il ne faut pas le dire ni le répéter : ça risquerait de se savoir !
Cependant, que France 2 et les autres en profitent bien car les « El Niño » sont souvent suivis d’épisodes froids appelés « La Niña ». Conjugué à la décroissance de l’activité du cycle solaire n° 24 que nous subissons depuis 2008, l’avenir pourrait être beaucoup plus frais que ce que cette chaîne nous suggère.