La honte. Les juges du tribunal de grande instance d’Amiens ont donc condamné le 13 septembre dernier dans un procès au civil six militants de la Confédération paysanne à verser solidairement environ 120.000 euros de dommages et intérêts à l’exploitant de la ferme picarde dite des « mille vaches ». Le tribunal a donc partiellement suivi l’industriel du BTP et propriétaire de la ferme-usine qui demandait 200.000 euros de dommages et intérêts aux militants, une manière de les faire taire.
En 2013 et 2014, ces militants avaient participé à deux mobilisations contre la ferme- usine implantée à Drucat, près d’Abbeville (Somme), à quelques semaines de sa mise en service. Dans un premier procès au pénal, ils avaient déjà été condamnés en appel à des peines d’amende avec sursis, de 300 à 5.000 euros, en septembre 2015. « Le tribunal a reconnu que nous étions des lanceurs d’alerte », a fait valoir Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, qui figure parmi les six condamnés. « Aujourd’hui, on nous demande d’assumer seuls ce que l’on a apporté pour l’intérêt général. Cette situation nous paraît un peu ubuesque », a-t-il déploré.
Le syndicat dénonce dans un communiqué « une sanction financière lourde et inique pour les militants d’un syndicat agricole qui ont agi collectivement et sans violence pour défendre l’intérêt général face à ce symbole de l’industrialisation de l’agriculture. Ces mêmes militants qui, lors du procès au pénal en 2015, avaient été qualifiés de “lanceurs d’alerte” par la cour d’appel d’Amiens. »