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11 janvier 2025 6 11 /01 /janvier /2025 09:35

Depuis bientôt dix jours pleins, Claude Allègre, ministre de l’Education Nationale (de gauche) n’insulte plus le personnel (de gauche) qu’il est chargé de défendre (au nom de la gauche).

Disons-le tout net : nous sommes inquiets. (A gauche)

Claude serait-il moins allègre ? c’est une question qui me tracasse. Au début, je m’étais contenté d’explications sommaires : la découverte des palaces (de droite) des voyages présidentiels gratuits (de droite), des shows télévisés (de droite), des interventions sur toutes les longueurs d’ondes (de droite), rendent assez couramment malade un homme bien portant (de gauche) dont le visage respire la santé. (Sans majuscule pour l’instant, les ministres ne finissent pas tous en prison !)

Bon, mais dix jours ! Dix longs jours sans être ridiculisé, montré du doigt, insulté ? En tant qu’enseignant, je me sentais oublié.

J’ai même failli entrer en analyse, comme au temps des soixante-huitards !

Et puis je me suis fait une raison : « Bon, il ne veut pas m’insulter ?... je vais chercher la cause de son mal ! » Ah ! c’est quelque chose d’être pédagogue dans l’âme !

Et dans le corps, c’est-à-dire un peu « voûté par les courbettes » comme chantait Léo Ferré (anarchiste de gauche).

Dévoûtons-nous, relevons-nous, et tenons-nous droit !

J’ai entrepris tout bêtement des recherches patronymiques. D’où viennent ces noms : Claude et Allègre. Là est sûrement l’explication.

Eh bien pour Claude, je suis allé voir chez Jacques Cellard, un type tout ce qu’il y a de bien, (de gauche), collaborateur du « Monde », le seul quotidien français écrit en gothique flamboyant à l’aube de l’an 2000.

Et alors là, j’ai trouvé. Claude ? il nous vient de ce bon vieux Claudius, dit « le Boiteux », empereur romain mort en 54 après Jésus Christ, qu’il a donc bien connu puisqu’il est né en 10 avant, et à Lyon, nettement avant Raymond Barre.

Il eut le tort d’aimer les femmes sans discernement, ce qui lui fit épouser Messaline, vous savez la moman à ce Britannicus, qui vous a tant fait chier en classe... non vous ne connaissez pas ?... ça fait rien, l’histoire rapporte qu’elle était « dissolue » et ça ne veut pas dire qu’elle se dissolvait dans l’eau, mais, me souffle Alphonse Boudard, que « c’était une sacrée salope ».

Cette nymphomane d’une autre époque mourut, ce qui arrive à beaucoup de gens. Alors que fit le Claude ? Il se jeta sur Agrippine !!!

Pauvre type !

Alors là, il faut vraiment en tenir une couche, car même sans connaître parfaitement l’orthographe, on comprend tout de suite que cette femme s’agrippe, et pas n’importe où quand même, la preuve, elle l’empoisonne, le Claude, qui n’est plus allègre du tout, du coup !

Mais l’était-il autant, Allègre ?

Cherchons donc le sens du mot, non sans avoir noté que « Claudel » n’est qu’une dégénérescence de « Claude », ce qui ne me surprend guère après la lecture des « Cinq Grandes Odes » de ce courtier en Bourse (au singulier, les catholiques m’étonneront toujours, ils ont deux bourses comme tout le monde, sans majuscule, et s’intéressent à la Bourse, toute seule, isolée, dans un arrondissement de Paris où l’on a, si je puis me permettre, des « couilles en or », encore une expression biblique, comme le veau d’or, je sens que je vais finir au Vatican, comme moutardier du Pape, c’est quand même mieux que branlardier des papesses, je sens que cet article est anticlérical et pas du tout consensuel. Un peu sensuel, peut-être ?... mais pas si con que ça.)

Il nous reste « allègre », qui vient du latin « alacris » en passant par l’italien «allegro ». Chacun sait qu’un mouvement de musique exécuté allegro, est une pièce jouée vivement, avec allégresse.

Ceci explique en particulier la vivacité avec laquelle Claude Allègre exécute le corps enseignant, en dépit d’un prénom qui le prédisposait à la claudication. On peut même imaginer que ce boiteux par son prénom, entraîné par l’enthousiasme de son nom, se trouve au centre d’une contradiction quasi-insurmontable : désireux d’insulter joyeusement les enseignants, il est soudain pris d’une crise d’arthrose, qui transforme l’allégresse en un douloureux grincement.

Eh bien, je ne suis pas mécontent d’avoir raté ce stage de poterie, le lendemain de la rentrée. Ça m’a permis de m’instruire et de fayoter auprès de mon ministre.

Je n’attends plus que l’avancement, ou, encore mieux, la retraite.

 

Rolland HENAULT ("Articles 2001-1996" aux Editions de l'Impossible)

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