Il y a quelques semaines, la France des petites gens s’indignait de la promotion de Najat Vallaud-Belkacem, prétendument reçue à la Cour des Comptes au terme d’un concours qui n’existe pas. En réalité, nommée par le Premier ministre après une demi-heure d’entretien - autrement dit, une formalité. Toutefois, pour nous rassurer, Pierre Moscovici (Président de l’établissement en question) assurait sur France Info : « Je suis sorti au moment de la délibération.» Pas vraiment de quoi éteindre le feu des indignés. Quant à savoir « pourquoi elle ? », l’idée circule que « Bayrou aurait négocié cet atterrissage confortable pour l’ancien ministre socialiste, épouse du patron des députés PS Boris Vallaud, contre l’engagement que les mêmes députés PS ne voteraient pas la censure ». Démenti du chœur des vierges indignées et de l’époux de l’intéressée : « Najat n’a pas besoin d’accords d’échanges de bons procédés ni d’accord secret pour mériter d’être nommée […] Je le dis avec netteté : rien n’immunise le gouvernement Bayrou d’une motion de censure. »
Sans doute a-t-elle davantage besoin des 10.000 euros mensuels que va lui assurer la charge, tout comme elle a besoin de conserver ses multiples occupations, se réservant le droit de cumuler ses fonctions de conseiller maître à la Cour des comptes, conseillère de la région Auvergne-Rhône-Alpes et présidente de France terre d’asile.
Feignant, lui aussi, l’indignation, Pierre Moscovici s’interrogeait, dans Le Parisien : « Pourquoi Najat Vallaud-Belkacem subit-elle autant de critiques ? Je ne peux m’empêcher de penser que son genre, son origine, ses engagements politiques sont ciblés. Ça me choque. » Que va-t-il alors pouvoir dire, pour justifier la nomination de Philippe Gustin, un homme épinglé par la Cour des comptes elle-même en 2021 ?
Dans le rapport couvrant la période 2017-2020, ce proche de Sébastien Lecornu (ministre des Armées et ancien ministre des Outre‑mer) dont il était à l’époque le directeur de cabinet était alors pointé du doigt pour ses dérives budgétaires au sein du ministère des Outre-mer. Et Mediapart, qui révèle l’affaire, fait état de « messages injurieux relayés dans un groupe WhatsApp ministériel » où Philippe Gustin ne réclame rien moins que la fermeture des chaînes locales ultramarines : « Il faut leur faire subir le même sort qu’à France Ô… j’en ai marre de payer des impôts pour nourrir ces staliniens nuisibles. »
Faute de pouvoir justifier l’arrivée de ce nouveau conseiller maître, Pierre Moscovici a assuré à Mediapart que « Philippe Gustin ne serait pas associé aux dossiers sur lesquels il pourrait être "conflicté" (sic) et qu’il n’interviendrait pas sur ses anciens domaines d’activité, dans un souci de neutralité institutionnelle ».
En attendant, ce sont les Français qui sont sérieusement « conflictés » !

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