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29 octobre 2011 6 29 /10 /octobre /2011 10:04

 

La Toussaint. C’est la fête de tous les saints, du moins dans notre civilisation. Tous, absolument tous ! On a pris l’habitude de déposer des chrysanthèmes sur les tombes, ce qui booste le commerce de ces plantes ornementales à la grande satisfaction des professionnels des fleurs, au moment où ils sont durement concurrencés par leurs collègues spécialisés dans la vente des fleurs en matière synthétique, qui assurent un souvenir pour ainsi dire inusable. Or, le poète Georges Fourest célébrait cette fête ainsi, parce qu’il avait compris l’absurdité de cette tradition. Je vous laisse donc lire :

 

« Chrysanthèmes fleurs d’or

Fleurissez les pauvres morts ;

Chrysanthèmes, fleurissez,

Pour les pauvres trépassés…

Mais sous la terre enfermés,

Ils ne connaîtront jamais

Vos pétales embaumés ;

Dans leurs tristes monuments,

Las ! Ils verront seulement

Vos racines : c’est pourquoi,

Sentimental à part moi,

Je songe ô vivants pieux

Que peut-être il vaudrait mieux

Planter sous les cyprès verts

Les fleurs des morts à l’envers ! »

 

Eh oui ! L’idée est séduisante, encore fallait-il y penser ! Car, à force de sucer les pissenlits par la racine, les morts perdent vite le goût de vivre et de s’épanouir pleinement.

Mais je voudrais compléter la pensée de ce poète d’origine Limougeaude (Vous pouvez continuer d’acheter et de lire « L’Echo La Marseillaise », ce journal a toléré mes excès de langage durant de longues années, et c’est déjà bien !)

Comment remédier à cette calamité : la saveur monotone des chrysanthèmes, à la longue. Et même au parfum, certes très prenant, mais que voulez-vous, les morts voudraient bien varier un peu la monotonie de l’éternité, qui est longue, ainsi que je l’ai souvent fait observer, « surtout vers la fin ». La formule serait d’Alphonse Allais.

Tout d’abord, il ne faudrait pas oublier que les morts continuent leur existence durant toute l’année et, souvent, dans l’indifférence générale ! C’est pourquoi une bonne fumure est nécessaire. Du fumier sur les morts, me direz-vous, c’est un sacrilège ! Détrompez-vous, les morts adorent le fumier qui reverdit les feuilles des chrysanthèmes et redonne aux fleurs un éclat incomparable. On m’a même raconté une histoire assez incroyable sur les amours souterraines. Un homme trompait sa légitime, devenue très ossue, avec une voisine, qui l’avait séduit rien qu’avec une odeur de violette ! Leur idylle dura longtemps, d’ailleurs je ne crois pas qu’elle soit terminée !

Donc le fumier, qu’on déposera à la brouette sur le cadavre de Nicolas, François ou Valérie et de tous les ministres en général. On pourrait d’ailleurs réaliser une belle économie en les mettant, comme on dit « tous dans le même sac ». On recouvrirait de terre, hardiment, en chantant des cantiques d’un style nouveau :

 

« Ils sont enfin crevés

Le jour de foire est arrivé »

 

On pourrait évidemment se soulager sur ces morts qui ont passé leur existence à dépouiller les plus pauvres et à leur rendre la vie si dure ! Ainsi procédait un personnage de « La Terre » d’Emile Zola, surnommé, Madame Caca. Cette référence littéraire m’autorise à dire qu’on pourrait donc enfin leur « chier sur la gueule ».

J’imagine les senteurs qui s’exhaleraient des cimetières de riches. Elles seraient identiques à celle des favelas, ou des pauvres des Indes, qui se soulagent par groupes de trente ou quarante dans les rues des grandes villes, et au long des trottoirs, tandis que les bangsters les enjambent allègrement, le petit baise en ville à la main.

Allons, n’hésitez plus, soulagez-vous enfin de toutes les misères qu’on vous a fait subir !

C’est le moment ou jamais. Et ça peut recommencer tous les jours ! C’est une question d’hygiène !

 

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