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10 novembre 2012 6 10 /11 /novembre /2012 09:31

 

Encore des flics pour accompagner nos soirées automnales et frileuses devant la télévision. Cela se passe au Havre et sur France 2, et la série s’intitule « Deux flics sur les docks ». Les rôles principaux sont tenus par Jean-Marc Barr (Faraday) et Bruno Solo (Winckler). Pour le respect des quotas, le scénario leur a adjoint, au fil de l’enquête, une jeune et jolie fliquette qui semble traîner un phénoménal vague à l’âme. C’est que la vie de policière débutante n’est pas toujours rose. Le téléfilm débute, en effet, par l’expulsion de familles des logements qu’elles occupent. « Aider les huissiers à mettre les gens dehors, c’est ce que je déteste le plus dans ce métier », déclare la belle humaniste désolée à ses collègues, qui la comprennent. L’épisode ayant probablement été tourné sous l’ère sarkozyste, on se dit que le blues de la demoiselle ne s’arrangera pas de sitôt si l’idée vient aux Roms d’aller visiter l’estuaire de la Seine.

Le duo parfois trio opère sous les ordres d’une autre jeune (et jolie) femme. C’est une Black, comme on dit maintenant. Statistiquement, la série permet d’emblée de placer la Haute-Normandie en tête des régions phares dans le domaine de l’accès des femmes à de hautes fonctions et celui, ô combien progressiste, de la discrimination positive.

On aura compris que nous ne sommes pas là dans la violence et le délire tous azimuts américains. Ici, pas de poursuites en bagnoles, pas d’entrée fracassante et surarmée dans des appartements suspects, pas de gifles ou d’insultes à l’interrogatoire, même pas un coup de feu, même pas de flingues. Non, dans la police française, surtout en province, ce qui domine c’est une sorte de philosophie mélancolique, que favorisent ici le bord de mer et la grisaille du ciel normand. Cela donne des dialogues où chaque réplique prend des allures d’aphorisme, de maxime ou de sentence intellectuelle d’où émane le plus souvent un pessimisme à la Schopenhauer.

Le mort du téléfilm est un jeune homme, enchaîné nu sur les rails d’un funiculaire. Un habitant du quartier l’aurait vaguement entendu appeler au secours. Cela nous vaut cette repartie du personnage incarné par Bruno Solo, une sorte de Cioran entré dans la police : « Aujourd’hui, c’est la dernière chose à faire si tu veux qu’on te vienne en aide. » Noir, c’est noir, comme dirait cet autre philosophe… Le défunt, apprend-on, fréquentait le siège d’une association humanitaire havraise. Faraday s’y rend, avec une nonchalance qu’aurait pu lui envier l’inspecteur Derrick et qu’il traînera tout au long de l’épisode. Là, il interroge vaguement une jeune femme avenante et, comme le flic français présente un physique moins ingrat que son célèbre homologue allemand, on sent que le courant passe entre les deux personnages. Au point que la scène suivante, le soir venu, nous montre le policier, manifestement conquis par la cause humanitaire, collant lui-même les affiches de l’association au côté de la jeune femme. Celle-ci, s’étonnant du savoir-faire policier dans le maniement de la brosse, lui demande d’où lui vient cette dextérité. « Avant d’être flic, j’ai fait le coup de poing contre les fachos », répond-il. On comprend que cet ancien chasseur de fachos ait choisi d’entrer dans la police. C’est là où il y en a le moins, ça le repose…

Et ça continue… Ayant aperçu son collègue dans sa promenade nocturne accompagnée, Winckler lui assène, le lendemain au commissariat, une petite moquerie sur sa soudaine et touchante conversion au militantisme. Faraday lui répond alors un truc du genre : « Ça te va bien de dire ça, toi ! » Et le policier Winckler de lever alors un poing serré et de lancer : « Anarchistes de père en fils, et fiers de l’être ! »

Programmé au lendemain de l’extradition vers l’Espagne d’une militante basque coupable d’avoir participé à des meetings outre-Pyrénées, on se dit qu’avec des flics pareils Aurore Martin eût mieux fait d’œuvrer pour l’indépendance de la Haute-Normandie. C’est pas eux qui l’auraient livrée aux Anglais !…

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commentaires

O
La présentation de Floréal donne envie de ne pas louper le chef-d'oeuvre. C'est vrai que nous autres, on aime les flics pleins de bons sentiments ! Hélas, quand c'est des flics "pour de vrai", de<br /> bons sentiments y en a plus guère... OLE
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