Ca veut dire quoi, l’état sauvage ? Ca veut dire qu’elle est trop sauvage pour s’enfermer dans un groupe, dans un parti. Vous savez ce que Prévert a répondu à des recruteurs du Parti communiste ? Oui, vous le savez mais ça fait du bien de le répéter. Il a répondu : « Mais alors vous allez me mettre en cellule ? » Et il a continué son chemin, à côté des communistes. Il n’a pas été un crypto communiste, pas même un compagnon de route. Il a fait son chemin tout seul, Prévert. Et il est allé beaucoup plus loin dans la tête des gens ordinaires.
Alors, pour Elizabeth c’est pareil. Elle n’adhère à rien a priori. Comme Léo Ferré qui n’a jamais voulu signer de pétitions pour appeler à voter. Il n’a pas non plus appelé au boycott des élections. Il a dit : « Vote connard ! »
Elizabeth n’a pas dit vote connard mais elle aurait pu le dire. Elle dit mais sans le dire oui à France Palestine, oui aux malheureux qui sont pas contents, elle dit oui aux déserteurs de tout poil. Elle dit non aux milliardaires, non aux enculeurs du peuple, non aux victimes plus ou moins consentantes qui obéissent à tous les mots d’ordre. Mais elle le dit en chantant, et alors ça change tout. On est passé du slogan à la grande poésie, qui a toujours été chantée, en France. Elle est entrée en résistance contre cette société lamentable, dont les chefs abusent de leurs pouvoirs. Elle n’a pas d’amis dans la police ni dans la magistrature. Elle n’a pas d’amis dans les palais de justice, elle sait que la vraie justice ne réside pas dans un palais. Ni au Palais Bourbon, ni à l’Elysée. Ni chez les yankees, ces faux libérateurs qui ne libèrent les peuples que pour les opprimer davantage, par d’autres moyens.
Elizabeth connaît bien la novlangue de George Orwell. Elle n’en est pas dupe, elle dépiste les escroqueries du langage dont nous sommes imprégnés en permanence, par les propagandistes de la consommation obligatoire.
Mais je deviens assommant, trop didactique. EliZabeth n’est pas assommante. Elle chante et c’est joyeux et plein d’humour. L’humour serait la « politesse du désespoir ». Il n’y a pas de désespoir dans les chansons d’Elizabeth.
Vous pouvez venir sans crainte le 19 décembre 2014 au Forum Léo Ferré à Ivry. Elizabeth y sera. Et elle chantera. Ses chansons d’anarchiste à l’état sauvage. L’état sauvage, c’est le contraire de l’état tout court, avec ses flics, ses bandes ministérielles organisées pour des hold up permanents contre les gens ordinaires.