Aller chez le garagiste est un supplice contemporain accepté par tous, et cependant très douloureux.
On commence par l’attente. Souvent le garage est peuplé d’hommes en bleus qui sont penchés sur des moteurs et qui manifestent à votre arrivée une indifférence totale.
Des hommes en blanc, portant souvent une feuille à la main, s’affairent à des tâches hypothétiques, allant d’une porte à une autre, surgissant brutalement auprès d’un téléphone et repartant, sans vous voir vers des lieux incertains.
Des employés circulent, vers des recoins huileux et sombres, sans jamais vous voir. Parfois ils se dirigent vers vous et, au dernier moment ils tournent à angle droit. Vous voilà à nouveau seul, étranger, surnuméraire.
Vous n’existez pas, pour eux. Peut-être faudrait-il endosser un vêtement de travail pour être enfin vu et entendu ? Vous pourriez également vous mettre au volant d’une voiture et partir avec, je ne suis pas sûr qu’ils relèveraient la tête. Je ne sais pas d’ailleurs pourquoi les gens ne le font pas. Il est vrai que si le véhicule est là, dans l’atelier, c’est sûrement qu’il est en panne.
Pourtant, certaines voitures sont en état de marche.
Souvent, pas toujours, mais relativement souvent, les garagistes réparent vraiment les véhicules que les clients leur apportent. Assez fréquemment, quand vous ressortez, c’est un autre organe mécanique qui est défaillant. L’ont-il détérioré eux-mêmes et volontairement ?
Comme vous avez longtemps patienté, vous vous dîtes : Bon, j’en suis sorti, c’est déjà bien, ça roule à peu près, je m’en tire à bon compte, on verra ça plus tard.
Le garagiste vous a fait un devis, mais c’est un faux devis :
- Quand on démonte, on ne sait jamais ce qu’on va trouver en-dessous !
Parfois, il énumère les différentes opérations successives qui vont avoir lieu :
- On commence par changer le radiateur, il y a un suintement. Ensuite, on change la pompe, il y a un suintement. Si la panne persiste, on voit pour le joint de culasse. A ce moment-là on fait vérifier la culasse, elle est peut-être morte.
Le garagiste ricane, diaboliquement.
C’est mal parti, le garagiste change les pièces au fur et à mesure, pour arriver, tout à la fin, à la vraie cause de la panne.
De toute façon, il faut prendre rendez-vous, pas cette semaine, pas la semaine prochaine. (à cause des congés, à cause d’un « commis » qui est malade, à cause d’une épidémie de pannes).
Ensuite, il faut attendre les pièces.
- Elle devait arriver lundi, mais on n’a rien, j’ai téléphoné au concessionnaire…peut-être demain. Peut-être aussi qu’ils sont en rupture de stock, il faudra voir avec d’autres concessionnaires.