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3 novembre 2012 6 03 /11 /novembre /2012 09:30

 

Dans son ouvrage majeur, Karl Marx consacre plusieurs chapitres à l’accumulation du capital, « suant le sang et la boue par tous les pores ».

Est-ce dû à un problème de traduction de cet ouvrage de référence en langue chinoise ou à une très maoïste révision en profondeur des textes fondateurs du marxisme, on l’ignore, mais l’interprétation toute particulière de cette notion de la part de quelques dirigeants de Pékin mérite qu’on s’y arrête.

Lorsque, en 2003, M. Wen Jiabao accède au poste de premier ministre du gouvernement chinois, ni lui ni sa famille ne disposent d’aucune fortune connue. Dix ans plus tard, le capital accumulé par ce camarade dévoué à la cause du peuple, par son épouse, son fils, sa mère et son beau-frère est estimé à 2,7 milliards de dollars. La mère de cet important dirigeant communiste, aujourd’hui retraitée après avoir exercé le beau métier d’institutrice, pouvait se permettre d’investir dans une société d’assurances, il y a cinq ans, à hauteur de 120 millions de dollars. Son épouse, Zhang Beili, œuvre quant à elle dans la juteuse industrie du diamant, un domaine contrôlé par l’Etat. Le fiston, Wen Yunsong, dirige la China Satellite Communications Corporation, pour un salaire qu’on peut raisonnablement estimer plus élevé que celui du prolétaire moyen de là-bas.

Quelque temps avant que nous parviennent ces informations concernant les petites économies du premier ministre chinois et de ses proches, la révélation du montant des avoirs d’un autre dignitaire du régime, Xi Jinping, appelé à devenir dans quelques jours secrétaire général du Parti communiste puis président de la République populaire, montrait chez ce camarade une étonnante maîtrise de l’économie de profit en même temps qu’un sens aigu et émouvant de la famille. La fortune de son épouse, de sa sœur, de son beau-frère et de leur fille est en effet estimée à 297 millions d’euros, glanée dans les domaines de la téléphonie mobile, du minerai et de l’immobilier. Son oncle, Xi Yuanping, occupe le modeste poste de PDG de l’International Energy Conservation Environmental Protection Association.

China Power International Development Ltd, Shanghai Automotive Industry Group, Poly Group, Tsinghua Holdings Group, Shanghai Alliance Investments, China Satellite Communications Corporation, ce sont là quelques-unes des dénominations, dans la langue de l’impérialisme, des consortiums, cabinets-conseils et autres fonds de placement que dirigent les fils et filles d’anciens très hauts dirigeants, tels Li Peng, Jiang Zemin, Deng Xiaoping, Hu Jintao, aujourd’hui à la tête d’immenses fortunes. Alors que Hongkong servait naguère de lieu de domiciliation pour de fructueux placements à l’étranger de toutes ces familles d’anciens ou actuels responsables du Parti, ce sont désormais les îles Vierges britanniques et d’autres paradis fiscaux qui ont séduit les camarades investisseurs.

Mais attention – car je vous vois venir, les anticommunistes primaires –, n’allez pas croire ou affirmer sans raison que ces fortunes amassées seraient le fruit d’une quelconque corruption gangrénant les plus hautes instances de l’Etat prolétarien. Non, tout cela, après soixante-trois années de règne du communisme en Chine, est parfaitement possible, légal et conforme à la théorie. Car Marx avait bien évoqué le dépérissement de l’Etat, mais pas de ses représentants !

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