La recluse raconte le séjour de M. Dautraye (clone de l’auteur), à Montaignan. (Saint-Flour) Un fait divers, peu ordinaire, l’a attirée dans ce petit chef-lieu d’arrondissement du Cantal qui va la fasciner. En huit jours, la narratrice évoque la destinée d’Estelle Boulay, une jeune fille tondue à la Libération qui, ne supportant pas l’humiliation, est restée cloîtrée chez elle durant quarante années. Grâce à quelques articles et photos, recueillis dans la presse régionale, puisant dans ses souvenirs personnels mais donnant libre cours à son imagination, l’auteur va mettre en scène l’histoire d’Estelle Boulay et celle de toute sa famille.
Peu à peu, la narratrice s’attache à son héroïne au point de s’identifier à elle, d’entretenir avec elle des rapports fusionnels et la descente aux enfers qui s’en suit peut ébranler les sensibilités ou les susceptibilités.
La recluse, c’est à la fois des larmes, du sang, de la rage, de la folie, de la mort et de la merde formant une alliance tantôt attendrissante, tantôt horrifiante. L’histoire de Marie et d’Estelle rencontre l’Autre, l’Histoire Majuscule. A la lecture de ce récit (de semi fiction) chacun, selon sa sensibilité, pourra choisir entre s’émouvoir et s’indigner.
La recluse, s’inspire d’un fait divers des années 80 qui rappelle un épisode peu glorieux de la Libération, occulté dans la commémoration de cette dernière.
Il peut se lire comme une lente descente aux enfers qui touche à ce qu’il y a de plus pervers en l’Homme, se libérant dès que les verrous de la morale sautent.
La composition en contrepoint Estelle / Marie permet de montrer avec finesse la sorte de mue, l’identification entre l’auteur et son héroïne. Jamais le lecteur n’a l’impression qu’aucun des personnages n’en fait trop et, très vite pris au piège du récit, il ne peut le lâcher avant la fin.
Le travail sur le style, l’écriture – parfaitement maîtrisés – est incontestablement la marque de la réussite de cet ouvrage bouleversant qui nous conduit à faire table rase de tous nos tabous et de notre moralité.
Le lecteur ne sort pas serein de cette lecture. Il ressent un impérieux besoin d’en savoir plus.
( Texte inspiré par la lettre reçue d’Elisabeth Samama, le 9/11/88 – Editions Julliard ).
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