Ce serait donc au nom de la liberté, celle du salarié de pouvoir travailler le dimanche, celle du citoyen de pouvoir consommer, qu’on remet en question le principe du repos dominical. Méfiance, quand même. Mobilisée à des fins sonnantes et trébuchantes, la liberté devient suspecte. Les salariés les plus précaires, qu’on voudrait aussi flexibles qu’un joint de lavabo, risquent à ce titre d’en supporter les premiers les effets. Car la seule liberté que le dimanche chômé entrave, c’est celle du commerce de faire du commerce et des patrons d’exploiter librement la main-d’œuvre. D’ailleurs pourquoi se contenter du break dominical ? Après le repos le dimanche, le capital et ses oblats risquent bien de s’attaquer au repos le soir, au repos la nuit, au repos pendant les temps de repos et aux pauses pendant les temps de pause ; c’est-à-dire au principe du repos lui-même. Afin de favoriser la seule liberté qui leur importe vraiment : celle d’envoyer tout le monde au turbin, n’importe où, n’importe quand et au salaire le plus bas !
Extrait de "L’Autrement dit / Causes toujours !" qui est en ligne sur :