On ne cesse de « crailler à nos oreilles » (un peu de respect, cette expression est de Michel de Montaigne) que de nombreux policiers, accompagnés de magistrats, et de la plupart des hommes politiques à géométrie variable, se livrent à des « parties fines », du côté de Lille, de Lyon, et on ne nous précise pas le sens exact du mot. On sait seulement que les amateurs de ce genre de sport, non encore reconnu aux Jeux Olympiques, appliquaient aux jeunes femmes qui s’y livraient le mot : « matériel ». Alors observons de plus près l’aspect sémantique des choses.
Tout d’abord, la première définition. Il s’agit d’une « partie de débauche », dont on donne pour synonyme : « baise », « amusement ». Pour être plus précis voici ce qu’en dit le Petit Robert : « Partie de plaisir où l’on met quelque mystère, quelque raffinement d’élégance et de gourmandise ». Ainsi les femmes de ménage noires sont avant tout des gourmandes, et l’on conçoit l’héroïsme de Mr DSK (encore dans ces affaires de « parties fines » !) qui n’a pas craint que cette gourmandise ne se transformât en un bon coup de croc définitif. Mr DSK mérite au moins la Légion d’Honneur pour son courage devant les pauvres. Il n’a pas redouté de toucher le fond du Fond Monétaire !
Mais cette expression, reprise avec tellement d’avidité par la presse, alléchée, si l’on peut dire, est riche en développements possibles. Quand la partie est vraiment très fine et un peu tordue, c’est qu’on est en présence de Mr Sarkozy. La partie se met alors au pluriel. On dira « les parties de Mr Sarkozy ». S’il s’agit du modèle au-dessus, c’est Mr Bertrand, qui les porte toutes rose bonbon, en souvenir de ses idées socialistes. Si elles laissent échapper du jus de la treille, il s’agit de Mr Borloo.
A l’origine, nous dit Mr Esnault (non il n’est pas de ma famille) il s’agissait d’une « partie de poker ». « Une partie de boules » ajoute-t-on vers Lyon ou Marseille. Une « partie de billes » précisent, plus modestement, les enfants de Marie des écoles chrétiennes. Et à ce propos nous évoquerons notre éternelle amie Christine Boutin, qui a été élevée dans les grands principes religieux, et qui ne pratique qu’avec les boucs catholiques, baptisés et bénis par le Saint Père.
Mais pour réaliser une simple partie fine, il faut parvenir à rassembler plusieurs participants, en tout cas, plus de deux. Dans le cas contraire on obtiendrait une simple partie de « Jambes en l’air », activité banale, d’ailleurs reconnue par le Kama Sutra sous le nom de « position du missionnaire ». « Ô combien de marins, combien de capitaines », poétisait Victor Hugo, « sont revenus la bite en berne, de leurs courses lointaines !». C’est qu’ils avaient trop évangélisé, tout simplement ! Et l’on comprend alors que Victor ait été troublé au point de commettre des alexandrins boiteux.
Mais ils avaient omis la « partie fine », qui a surtout motivé les amateurs de géométrie, car on parle aussi de « partie carrée », qui se joue à quatre. Dans les G20, on forme ainsi cinq équipes de quatre et vous avez l’explication de ces mystérieux rassemblements ! Parfois, les penseurs, comme Mr Bertrand, avouent leur appartenance à la Franc Maçonnerie. Ce sont des amateurs de parties fines triangulaires, mesurées avec l’équerre et le compas. Les parties génitales de Mr Bertrand sont donc assez techniques, et il pourrait, s’il le voulait, d’une simple érection, reconstruire le monde, car il est un « architecte de l’univers », profession enviée des amateurs de parties fines.
Toutefois, il est bon de signaler que la partie fine dégénère parfois en « partouse ». On voit tout de suite qu’il s’agit là d’une version populaire, démocratique, du modèle précédent.
La partouse, en effet, est une « activité sexuelle collective, dont le voyeurisme accepté est l’élément essentiel. » (Alain Rey)
La « partouse » est pratiquée par le « partousard », que Louis Ferdinand Céline définit à propos de Marcel Proust :
« Proust, mi-revenant lui-même, s’est perdu avec une extraordinaire ténacité, dans la diluante futilité des rites et démarches qui s’entortillent autour des gens du monde, gens du vide, fantômes de désirs, partousards indécis attendant leur Watteau toujours chercheurs sans entrain d’improbables Cythères » (Voyage au bout de la nuit, pages 99-100).
Ainsi il existe des « gens du monde » qui n’hésitent pas à « s’encanailler » car il est évident, aux yeux du rural, que si la partouse finit en –ouse, c’est par contamination avec la bouse.
C’est faire bien de l’honneur à nos gouvernants que de les comparer à des vaches, animaux paisibles et sympathiques, qui ne semblent pas connaître les perversions sexuelles et qui ne nuisent à personne.
Nous attendons avec intérêt la suite de ces feuilletons érotiques, qui nous montrent la chose publique (Res Publica) sous un angle inhabituel.
Et vous voyez bien que cette rubrique est également instructive, culturelle, et largement utile à la connaissance des futurs électeurs, s’il en reste encore.