Nos amis de l'union Juive Française pour la Paix ont pris connaissance avec effarement de la polémique introduite par les organisations sionistes les plus extrémistes (dont le soi-disant « Bureau national de Vigilance contre l'antisémitisme », officine d'extrême droite) contre le nouveau manuel scolaire des éditions Hachette pour la classe de première. Il apparaît dans les dépêches d'agence que l'éditeur accepterait de céder à leurs injonctions.
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> Pour avoir vu la page incriminée, nous comprenons que certains ne supportent pas que soit écrit ce que les historiens savent désormais tous : les Palestiniens ne sont pas partis de Palestine en 1948 à la suite de l'injonction des pays arabes en guerre contre Israël, l'exode de 700000 à 800000 Palestiniens est le résultat d'une expulsion.
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> On pourrait s'étonner que la reproduction de cette vérité établie par les historiens palestiniens comme israéliens déclenche une telle opposition si on ne savait pas que l'on touche là à une question clé. Ce que ne veulent reconnaître ni le gouvernement israélien qui prétend interdire le mot nakba, ni les organisations sionistes françaises qui le relaient, c'est qu'il est impossible d'imaginer qu'une paix juste s'établisse dans cette région du monde sans la reconnaissance de l'expulsion des Palestiniens par les milices juives puis par l'armée israélienne en 1947-1948.
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> En tout cas, le manuel n'est certainement pas suspect de vouloir accabler Israël. Dans la carte du partage proposé par l'ONU, sont indiqués sans précision les lieux des « principaux massacres de civils juifs et arabes », et au chapitre des processus de la décolonisation la zone Israël /Palestine est indiquée comme ayant été décolonisée entre 1945 et 1955 . Le sionisme est défini sobrement comme l'idéologie et le projet politique visant à créer un Etat juif indépendant en Palestine, sans le référer aux idéologies nationalistes et coloniales du XIX° siècle.
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> Sur un autre plan, non seulement le génocide des Juifs d'Europe n'est pas ignoré, ce qui n'est plus heureusement le cas des manuels scolaires des dernières décennies, mais il devient de façon discutable l'élément essentiel de cette guerre (comme l'y invite la formulation du programme officiel).
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> Parce que dans cette question Israël/Palestine, il y a une composante essentielle qui est la manipulation de l'histoire, de la mémoire et des identités juives, l'UJFP espère que la communauté éducative saura résister aux pressions d'un communautarisme imbécile qui en attisant la concurrence des mémoires risque d'alimenter tous les racismes.
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article sur le site du crif
Des passages de nouveaux manuels d'histoire contemporaine à destination des classes de première générale, vont être « modifiés » à l'occasion de l'impression des versions définitives, a indiqué, lundi 4 juillet 2011, l'éditeur Hachette Education.
Ces passages étaient relatifs au « partage de la Palestine », a-t-on précisé de même source. Ils étaient inclus dans des manuels « spécimens » dont la version définitive reste à imprimer, avant distribution aux classes de premières L, S et ES à la rentrée 2011, dans le cadre de nouveaux programmes. Or, « après relecture, il est apparu que certains passages contestables devaient être modifiés. A l'occasion de l'impression, ils seront changés », a-t-on ajouté, sans préciser le détail des passages mis en cause ni la teneur des modifications.
Le président du CRIF, Richard Prasquier, a évoqué une « présentation du conflit israélo-palestinien tout à fait scandaleuse ». Il a notamment dénoncé « une idéologisation » via par exemple l'emploi du mot « Nakba » (« catastrophe », selon l'appellation dans le monde arabe de la création de l'Etat d'Israël en 1948 et de l'exode des Palestiniens qui s'en est suivi), quand le terme Israël « n'apparaissait pas ».