Voici donc l’Ascension avec une majuscule. En général personne ne sait trop de quoi il s’agit. Eh bien ! c’est moi, mes bien chers frères qui vais vous instruire. Un minimum d’instruction religieuse, ça peut pas faire de mal, en ces temps de chômage et de précarité. On a envie de faire des miracles. Alors, je vous le dis en vérité : Chômeur et toi peigne-cul ordinaire ! Au lieu de ronfler sur le trottoir, que ça fait même très mauvais effet pour les touristes, je te le dis « lève-toi et marche ! Mais avant prends quelques jours de congé, tu vas en avoir besoin. » Je reviens à l’Ascension.
Lorsque Jésus fut crucifié, le jour du Vendredi Saint, il attendit trois jours avant de ressusciter ! L’histoire sainte ne dit pas si ces congés étaient compris dans les RTT. Et donc payés. Jésus était au Smic de l’époque et ça faisait pas beaucoup de sesterces dans l’aumônière. Mais comme il n’était pas en fin de droits, il avait toujours sa couverture sociale. Il l’emportait toujours avec lui, comme les SDF dans les grandes villes et même à la campagne.
Donc, je reviens à la crucifixion, c’est là qu’il a eu l’occasion de fréquenter des voyous, qu’on appelait à l’époque, des « larrons ». Il avait même été client d’une sainte pute, réputée dans le coin, puisqu’elle tapinait sur le calvaire. Bon, j’abrège, je vous rappelle qu’elle se nomme Madeleine, et Jacques Brel a écrit une chanson pour elle. Revenons à l’Ascension.
Jésus a mis trois jours pour ressusciter. Il n’a produit ce miracle que le dimanche qui suit le vendredi saint. Il avait obtenu un certificat médical du docteur Pionce Pilate, qui lui avait conseillé le repos (et le sommeil) avant d’entreprendre ce voyage intersidéral. Or, et c’est là que l’histoire se corse, Jésus ne se sentait pas bien. Pas vraiment en forme, pour entreprendre une telle randonnée dans les espaces infinis.
Il est donc retourné voir le docteur Pionce Pilate, qui lui a dit : « Je me lave les mains, mais c’est une question d’hygiène… ne le prends pas mal, petit Jésus… »
Et il ajouta : « T’as besoin de repos, tu vas pas monter au ciel dans cet état !... avec ta couverture sur le dos, en plus il faut que tu te laves un peu… parce que là tu n’es pas en odeur de sainteté… je peux même dire que tu pues, Jésus… je te donne quarante jours de congés, mais on comptera les trois jours où t’as glandé entre le vendredi et Pâques… le dimanche de Pâques je t’en fais cadeau ».
Jésus pensa que c’était une bonne opération. Il se reposa donc durant quarante jours. Il s’entraînait avec son parachute ascensionnel… il avait appris à décoller, dès le début mais il parvenait difficilement à prendre de l’altitude. Comme il était à la CGT, il pensa aux gars de Fralib, à Marseille… Eux ils avaient attendu plus de 1000 jours pour obtenir le droit de créer leur coopérative ouvrière…
Jésus se dit qu’il avait de la veine. Il réajusta sa couronne d’épines, et il se mit à l’aise sur sa croix. « Finalement j’ai bien fait d’adhérer à la CGT plutôt qu’à la MAFFIA… et puis on verra plus tard, on changera de crémerie s’il le faut… »
Et voilà pourquoi, mes frères, l’Ascension tombe toujours un jeudi. Parce que c’est quarante jours après Pâques. Vous pouvez compter.
Eh bien voilà aussi un mystère enfin éclairci. Je vous rappelle la morale de cette histoire. Si les travailleurs de Fralib, ils avaient pas occupé leur usine, leur multinationale n’aurait pas cédé.
Jésus est donc un précurseur. Il a inventé l’occupation de l’outil de travail. Et il a gagné aux Prudhommes, devant son patron, qui est Dieu lui-même en personne.
Ah oui, les derniers mots de Jésus : « Ne vous laissez pas monter sur les pinceaux ! » (en latin d’église ça donne : « no montare sur les pinçum ». C’est mieux de connaître la langue du pays quand on arrive à l’étranger.