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20 février 2010 6 20 /02 /février /2010 09:40

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Dans « Vous savez qui je suis, maintenant ? », recueil d’entretiens publié par « La Mémoire et la mer », on peut lire ce jugement de Léo Ferré sur Céline :

« …Le voyage, c’est extraordinaire ! Ca a été un gros choc ! j’y ai pris un plaisir inouï, parce que c’était la première fois qu’on pouvait lire des phrases pareilles, des mots aussi bien agencés. J’avais seize ans, j’étais en deuxième et j’avais un ami qui a beaucoup fait pour moi, parce qu’il était plus âgé que moi d’une dizaine d’années. Il me parlait de tas de choses, et il m’avait dit, dès sa parution : « Léo lis ça, c’est le bouquin ! «  J’ai acheté ça et puis je l’ai pris avec moi. Je me rappelle, je l’ai lu à la messe, en coupant les pages et en le mettant dans le livre de messe ! Parce que sinon, je ne pouvais pas le lire ! …un livre comme ça on ne me l’aurait jamais laissé lire. C’est le chef d’œuvre de la littérature du 20ème siècle… ».

Suivent des lignes admiratives sur l’acteur Le Vigan, que Ferré est allé voir au Gaumont Palace.

Il n’y a rien de surprenant dans ces propos de Ferré. En prison, quand j’enseignais à des condamnés à de lourdes peines, tous étaient enthousiastes pour Céline ! Il avait connu la prison et il en disait : « C’est un lieu noble, parce qu’on y souffre ». La prison de Ferré est différente, c’est lui-même, enfermé dans son désespoir, que masque assez couramment l’humour, comme chez Céline.

Et puis il y a cet amour des animaux. Céline, dès les années 20, avait soutenu une association qui luttait contre l'utilisation des animaux dans les numéros de cirque. Ferré considérait « Pépée » comme un être humain. Cette fraternité supérieure pour les animaux unit les deux hommes dans la même fraternité.

Et aujourd’hui, alors que l’humanité est plongée, mondialement, dans un profond désarroi, on dénombre 8 millions de chiens en France ! Ainsi l’image de Céline à Meudon, avec ses chiens, l’image de Ferré sur la pochette de son disque « Un chien à la Mutualité », se rejoignent-elles complètement. Pas étonnant que ces deux génies définitivement irrécupérables incarnent la misère actuelle et annoncent l’apocalypse qui vient.

 

 

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commentaires

O
<br /> Merci, cher Rolland Hénault, pour cet hommage à deux hommes qui m'ont, moi aussi, profondément marquée. Je n'ai jamais compris que l'on puisse maltraiter des " hommes comme les autres ", qu'ils<br /> soient à deux ou quatre pattes, à poils ou à plumes, ou même à écailles... Sincèrement grand merci. O L-E<br /> <br /> <br />
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