Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 août 2015 6 15 /08 /août /2015 09:34

Après 24 jours de grève de la faim, après avoir campé nuit et jour devant le rectorat de Toulouse, l'enseignante du collège de Bellefontaine a obtenu gain de cause. Cette prof de SVT est réintégrée dans son poste à la rentrée. Épuisée par l'épreuve, elle se repose chez elle dans le Volvestre.

Comment allez-vous ?

Laure Betbeder : le retour a été dur, j'ai le contrecoup de ces quatre semaines sans manger. Au début ça allait, mais à la fin tout était très dur, même si j'étais très soutenue, par mes proches, des amis, des collègues et même s'il y avait une bonne ambiance autour de moi dans le parc du rectorat.

Le plus difficile c'est la faim ?

Non je n'avais plus faim. Le corps s'habitue assez vite à l'absence de nourriture, mais j'avais très chaud, j'étais très fatiguée, et les derniers jours je ressentais une grande lassitude. J'ai dû être hospitalisée vendredi. Ma mère aussi, qui avait entrepris une grève de la faim avec moi. Elle est rentrée chez elle et reprend petit à petit ses habitudes. Moi, la seule chose dont j'ai envie, c'est de rester tranquille à la maison et de retrouver la santé. J'avais perdu 10 kg, j'en ai repris trois. Essentiellement de l'eau. J'étais déshydratée.

Comment avez-vous appris votre réintégration ?

C'est la rectrice elle-même qui est descendue vendredi vers 13 heures m'apporter une enveloppe m'informant de la décision du ministère. Par contre nous étions six enseignants concernés et je suis la seule réintégrée. Tous mes collègues sont mutés, y compris celle qui a été en conseil de discipline. C'est incompréhensible.

Vous étiez en conflit avec le chef d'établissement. Vous ne craignez pas de le retrouver à la rentrée ?

Cela ne sera pas le cas car il a lui-même été muté dans un autre collège de l'agglomération, dans l'intérêt du service. Théoriquement, je reprends mes fonctions comme s'il ne s'était rien passé, comme si j'étais à part des autres et j'ai du mal à l'accepter car nous étions tous dans la même galère depuis des mois.

Qu'est-ce qui se passait exactement au sein du collège ?

Au départ c'est parti d'un problème local, dans un collège difficile. Nous étions en lutte depuis le mois de novembre et nous avions fait grève pendant trois semaines en décembre, pour dénoncer le manque de moyens pour appliquer la réforme des réseaux d'éducation prioritaire. Nous étions en conflit avec le chef d'établissement. Cependant nous souhaitions rester au collège Bellefontaine. Jusqu'au 22 mai, où nous avons été convoqués au rectorat et où on nous a annoncé que nous étions déplacés d'office, sur des motifs discutables. Je ne pensais pas que de telles relations soient possibles dans la fonction publique. Je crains que la réforme qui prône l'autonomie des collèges et donne plus de pouvoir aux chefs d'établissement ne conduise à d'autres dérives similaires dans l'Académie.

Comment analysez-vous ce qui vous est arrivé ?

Je me suis rendu compte que ce qu'on nous demande d'appliquer avec les élèves, dialogue, écoute, aide, on ne le fait pas pour nous enseignants. Exemple, il a fallu que j'attende le dix-huitième jour de grève, le 10 juillet, pour être enfin écoutée par la médiatrice de l'Éducation Nationale missionnée par la ministre, qui a mis en place un protocole de médiation, et après avoir écouté tout le monde, a fait valider ma réintégration.

Source : http://www.ladepeche.fr/article/2015/07/22/2147650-laure-begbeder-le-retour-est-dur-j-ai-le-contrecoup.html​

Voir aussi : http://www.questionsdeclasses.org/?Justice-pour-les-enseignantes

Partager cet article
Repost0

commentaires