Il est un âge où l’on se sent un peu trop grand
Pour écrire des po-èmes
On a peur d’avoir l’air bête
A chanter la vie de pohème
A force de rimer
De faire des vers
On a sa pudeur il vient un âge où on l’a
Sa pudeur de faire
Et alors au lieu de vermifuger
Ses impressions ses sensations ses impassions
On se les prosaïse on se les pasteurise
A partir d’un certain âge
On est un peu trop grand
Pour appeler toujours sa maman
Dans de longs sanglots bêlants
Ruisselant de sang de sang de sangtiment
Seul Ruisseulant Seul de Sang
Donc
Il vient un âge où l’on se sent un grand dadais
Sur un grand dada
C’est plus le Pégaze qui fonce pleins gaz
C’est plutôt le Goncourt qui tourne court
C’est la sobre histoire et le style c’est l’homme et c’est
la somme
Romanesque la fresque titanesque la cathédrale de
Chartres croisée avec la neuvième symphonie sur fond
D’estampes orientales
Je vous dis moi
Il est un âge où l’on est grand
On sort tout seul sans sa maman
Sans son papa
Sans son tonton
Sans son cache-nez
Sans son caleçon
Sans ses cale-pieds