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3 novembre 2018 6 03 /11 /novembre /2018 10:21

A Gebze, l'arrondissement industriel qui jouxte Istanbul, l'usine Kosan Kozmetik produit des cosmétiques de la marque Flormar, acquise en 2012 par le Groupe Yves Rocher. Elle ne veut pas entendre parler d'un syndicat en son sein...

Après avoir connu une forte croissance économique, la Turquie fait face depuis le début de l'année 2018 à une forte inflation. « Chaque semaine, les prix augmentent. Pour les gens c'est devenu difficile. » témoigne l'une des ouvrières en grève.
Responsable d'équipe, une autre salariée explique : « Depuis 15 ans nous n'avons eu aucune augmentation. Or depuis que notre usine a été vendue à Yves Rocher, notre entreprise a grandi, de nouveaux magasins ont ouvert. »
Pour obtenir enfin une augmentation de salaire, qui tourne actuellement autour de 1 600 livres turques (soit environ 230 €), une majorité d'ouvrières et d'ouvriers ont accepté de rejoindre le syndicat Petrol-ls, qui a lancé une campagne d'inscriptions dans l'entreprise en janvier.
Jusqu'alors, aucun syndicat n'était présent dans l'entreprise mais le syndicat Petrol-ls a rapidement atteint le nombre d'adhérents nécessaire pour que sa représentativité soit reconnue par le Ministère du travail et qu'il puisse entamer une négociation collective.

Lorsqu'elle a eu vent des premières adhésions, la direction a réagi en licenciant une vingtaine de personnes.
Parmi les premières à être licenciées, Pinar Koca témoigne : « J'ai adhéré le 21 mars, et ils m'ont licenciée le 23. Ils ont motivé mon licenciement par "performance basse". Ont-ils remarqué que ma performance était "basse" seulement au bout de 8 ans ? ».

Devant la détermination des salariés licenciés, qui manifestaient devant l'usine, les manoeuvres d'intimidation se sont multipliées, et notamment les démissions forcées : « Pendant la pause thé, j'ai applaudi les camarades à l'extérieur pour les soutenir. Quand je suis remontée on m'a emmenée dans la salle de réunion. Là ils m'ont dit : soit tu travailles dans la production, soit tu donnes ta démission. Moi, normalement je travaille dans les bureaux, j'ai dû donner ma démission. »

Depuis maintenant 6 mois, les salariés injustement privés de leur emploi manifestent devant l'usine, malgré les descentes régulières de la police, qui éteint la musique et confisque les banderoles. Parallèlement, le syndicat a saisi la justice pour obtenir l'ouverture de négociations et demander leur réintégration. Pour Süleyman Akyüz, le président de Petrol-ls , « l’enjeu de ce combat dépasse désormais l’entreprise : si on réussit à installer une organisation syndicale, on ouvre la voie dans d’autres entreprises ». Or la zone industrielle de Gebze compte des milliers de salariés, dont les yeux sont rivés sur le piquet de grève.

- 215 000 personnes  sont employées directement ou indirectement dans le monde par le Groupe Yves Rocher
- 230 € par mois c'est le salaire moyen dans l'usine Kosan Kozmetik, en Turquie, qui emploie 378 personnes, aucun syndicat jusqu'ici dans l’entreprise.
- 132 personnes essentiellement des femmes, ont perdu leur emploi après s'être syndiquées.

Source et pétition

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