Les médias français sont sans surprise. Il y a le bien et le mal, les méchants et les gentils. On remarquera que ce sont souvent les mêmes qui reprochent leur « simplisme » aux adversaires de cette « mondialisation heureuse », naguère théorisée par Alain Minc, c’est-à-dire souverainistes de tout poil, de droite comme de gauche.
L’affaire Alexeï Navalny, cet opposant à Vladimir Poutine, actuellement en bisbille avec la Justice de son pays, en est la parfaite démonstration. Rappel des faits dressé par Libération, pourtant peu suspect de sympathies poutiniennes : « En juillet 2012, Navalny est inculpé pour avoir prétendument volé l’équivalent de 377.000 euros à la société forestière Kirovles. » Il est, illico, condamné à cinq ans de prison avec sursis ; comme quoi la justice néo-tsariste n’est pas aussi sauvage qu’on voudrait bien nous le faire croire.
Toujours selon la même source : « En 2014, avec son frère cadet Oleg, copropriétaire d’une société de logistique, ils sont condamnés pour détournement de fonds au détriment d’une filiale de la société française Yves Rocher. Alexeï Navalny écope d’une peine de trois ans et demi avec sursis. » Encore du sursis ! On ne dira décidément jamais assez de mal du laxisme de la Justice moscovite. Pourtant, en 2020, ayant violé ces conditions de contrôle judiciaire généralement relatives à une peine de prison sans prison, il se trouve à nouveau dans le collimateur de la Justice ; sauf que là, ayant été empoisonné au Novitchok, produit souvent utilisé par les services secrets russes, il avait une bonne excuse pour ne pas se rendre au tribunal.
Aussitôt, les mêmes journalistes s’emballent. Vladimir Poutine veut la peau de son opposant, même si ce dernier ne pèse que très symboliquement dans les urnes. Mais il faut être singulièrement naïf pour ne pas connaître les modes de fonctionnement du FSB, anciennement KGB. En effet, quand un tel service veut liquider un opposant, il ne laisse pas de traces et lorsqu’il en abandonne, il ne s’agit que d’un simple avertissement ; la preuve en est qu’Alexeï Navalny s’est retrouvé presque frais comme la rosée du matin, quelques semaines plus tard.
Et Mediapart de s’indigner que le Kremlin puisse tenir Alexeï Navalny pour « allié des services américains ». Nous y voilà, donc.
Pourtant, le pedigree d’Alexeï Navalny parle de lui-même, sachant qu’en 2010, il part étudier aux USA dans le cadre du programme Yale World Fellows, visant à développer un réseau de leaders connectés et engagés pour faire du monde « un meilleur endroit ». Ce n’est pas tout à fait du George Soros, mais ça y ressemble bigrement.