Jean-Luc Godard a donné son avis sur la prestation de Zelensky au festival de Cannes. Voici le commentaire, que je commenterai ensuite car il est riche en symboles comme chaque fois que Godard ouvre son clapet :
#JeanLucGodard, mai 2022. —[…] L’intervention de Zelensky au festival cannois va de soi si vous regardez ça sous l’angle de ce qu’on appelle “la mise en scène” : un mauvais acteur, un comédien professionnel, sous l’œil d’autres professionnels de leurs propres professions. Je crois que j’avais dû dire quelque chose dans ce sens il y a longtemps. Il aura donc fallu la mise en scène d’une énième guerre mondiale et la menace d’une autre catastrophe pour qu’on sache que Cannes est un outil de propagande comme un autre. Ils propagent l’esthétique occidentale quoi… S’en rendre compte n’est pas grand chose mais c’est déjà ça. La vérité des images avance lentement. Maintenant, imaginez que la guerre elle-même soit cette esthétique déployée lors d’un festival mondial, dont les parties prenantes sont les états en conflit, ou plutôt “en intérêts”, diffusant des représentations dont on est tous spectateurs… vous comme moi. J’entends qu’on dit souvent “conflit d’intérêt”, ce qui est une tautologie. Il n’y a de conflit, petit ou grand, que s’il y a intérêt. Brutus, Néron, Biden, ou Poutine, Constantinople, l’Irak ou l’Ukraine, il n’y a pas grand chose qui a changé, mise à part la massification du meurtre. #Cannes2022.
Zelensky est un comédien parmi les autres comédiens du festival. Il ne se démarque pas de la mise en scène, comme le ferait un bon acteur, il suit le rôle pour lequel le producteur et le réalisateur l’ont engagé et payé.
De cette constatation triviale (qui « va de soi »), Godard passe au vrai sujet : la mise en scène de la guerre. La guerre qu’on filme comme une fiction, avec des règles de scénario, de cadrage, d’éclairage, bref avec toutes les ficelles du métier qu’on apprend dans le monde occidental. On filme le jour un immeuble éventré, une femme qui pleure, une colonne de migrants chargés de paquets. On filme la nuit des roquettes qui éclatent dans le ciel. On filme en intérieur un bunker vidé de ses occupants où l’on trouve un vieux mégot et un mouchoir taché de sang. On filme en studio trois experts de derrière les fagots (des spécialistes du Covid fraîchement recyclés), qui nous expliquent pourquoi les Russes sont méchants et les Ukrainiens gentils.
Mais derrière les images qui travestissent, et c’est la conclusion de Godard, il y a la réalité de l’argent qui se gagne dans le sang, des marchés qui se négocient dans les décombres, des taux bancaires qui suivent la courbe des morts, du crime organisé à grande échelle pour l’intérêt de quelques uns. Ce seront les gagnants du festival mondial de la guerre.