La sentence est plus lourde qu'en première instance. A l'issue du procès en appel du scandale sanitaire du Mediator, mercredi 20 décembre, les laboratoires Servier ont été condamnés à une amende de plus de 9 millions d'euros pour "tromperie aggravée" et "homicides et blessures involontaires".
Le groupe pharmaceutique, qui produisait cet antidiabétique également prescrit comme coupe-faim, accusé d'avoir provoqué de graves lésions cardiovasculaires, a également été reconnu coupable d'escroquerie, délit pour lequel il avait été relaxé en première instance. A ce titre, il devra rembourser plus de 415 millions d'euros aux caisses d'assurance-maladie et aux mutuelles, au titre du préjudice financier, plus d'un million d'euros au titre du préjudice de désorganisation et plus de 5 millions d'euros en frais de procédure.
Le groupe Servier, qui a donc été reconnu coupable de tous les délits qui lui étaient reprochés, a immédiatement annoncé son intention de se pourvoir en cassation, selon le journaliste de Franceinfo présent à l'audience. Lors de la présentation en détail du jugement, le président de la cour, Olivier Géron, a souligné que le laboratoire avait "privilégié son intérêt financier sur l'intérêt des patients".
La seule personne physique prévenue à l'audience en appel, qui s'est déroulée de janvier à juin, était Jean-Philippe Seta, l'ex-bras droit du tout-puissant fondateur du groupe Jacques Servier, ce dernier étant mort en 2014. Il a été condamné à 4 ans d'emprisonnement, dont un an ferme, et à des amendes d'un total de près de 90 000 euros.
La pneumologue brestoise Irène Frachon, qui dénonçait cette escroquerie depuis 16 ans, n'a pas caché pas sa satisfaction. "On a eu un magnifique jugement. On a entendu des mots très forts d'une grande humanité. Les condamnations et les punitions sont exemplaires", a-t-elle déclaré.