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20 octobre 2018 6 20 /10 /octobre /2018 10:05

C’est un procès qui aura traîné des années qui s’est ouvert le 4 octobre dernier à Amiens. 843 anciens salariés de l’usine Goodyear d’Amiens Nord veulent faire condamner devant le tribunal des Prudhommes la fermeture de leur usine et obtenir une indemnisation du groupe car ils jugent que ces licenciements n’avaient pas de cause économique sérieuse. Compte tenu du nombre d’ouvriers victimes, le tribunal avait dû réquisitionner le Zénith d’Amiens.

Le courageux délégué CGT de l’usine Goodyear Amiens Nord, Mickael Wamen qui, avec ses camarades et l’appui de l’avocat Fiodor Rilov, a empêché Goodyear de fermer l’usine pendant plus de dix ans, souligne “Que Goodyear ait fermé l’usine en 2014, alors qu’il y avait eu une année record sur ses bénéfices, c’est inadmissible, comme c’est intolérable qu’un groupe qui fait près de 2,7 milliards d’euros de profit net après impôt, après avoir payé les actionnaires, vienne dire “On se doit de fermer l’usine car ça met en péril notre compétitivité”.

En 2007, le patronat de l’usine d’Amiens exige que les centaines d’ouvriers passe à un rythme de travail de 4x8h : deux jours de travail le matin (4H-12h), deux jours de travail l’après midi (12h-20h), deux jours de travail la nuit (20h-4h) et un jour et demi de repos. Une organisation du travail inhumaine. Les travailleurs refusent, et le patronat prend prétexte pour entamer la fermeture de l’usine, alors que la production est dans les faits reportée dans ses usines d’Europe de l’Est. 

Une délocalisation qui ne dit pas son nom et pour laquelle la multinationale ne veut pas payer les indemnités aux ouvriers dont elle ferme l’usine. Une délocalisation dont sont complices les gouvernements Sarkozy, Hollande-Macron.

 

Quatre ans plus tard sur les 1143 ouvriers licenciés, 700 sont toujours au chômage et seulement 120 ont retrouvé un emploi en CDI. 12 ouvriers sont morts, dont 9 ont mis fin à leurs jours.

Ce que chacun sait, et il sera difficile de l’ignorer pendant le procès, c’est que la vraie raison de la fermeture de l’usine Amiens Nord, usine sans aucun doute rentable, c’est que Goodyear a, de fait, délocalisé – grâce à l’euro et à l’Union Européenne – la production dans ses usines à très bas salaires des pays de l’Est, pour gonfler encore plus ses milliards d’euros de profit.

 

Le tribunal a renvoyé son jugement après un délibéré au 16 mai prochain. Autant dire une éternité pour les centaines d’ouvriers au chômage qui, pour la quasi totalité de ceux qui n’ont pu accéder à la retraite, vont se retrouver en fin de droits alors qu’il n’y a aucun emploi dans une région sinistrée par les fermetures d’usine.

 

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