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28 octobre 2023 6 28 /10 /octobre /2023 09:50

Le commentaire de la guerre en quasi-temps réel sur les chaînes d’information est un business comme un autre. Plateaux et journaux regorgent de « toutologues » professionnels, « inconditionnels » soutiens à la contre-offensive d’Israël.

Sur Europe 1, face à ceux qui tentent de rappeler le contexte de colonisation en toile de fond de l’attentat du 7 octobre perpétré par le Hamas, le philosophe Raphaël Enthoven dénonce « cette espèce de machine relativiste qui se met en place et tente d’expliquer ce qu’il arrive » : « Rien n’est plus monstrueux que de tenter d’expliquer la barbarie et de se donner l’air d’essayer de la comprendre en le faisant. Vouloir raisonner ici, c’est monstrueux. » Alors pourquoi accepter le micro qu’on lui tend, si c’est pour refuser de produire une pensée ?

Son propre conseil ne vaut d’ailleurs que pour les autres, car s’agissant du pilonnage de Gaza, le voilà tout à fait enclin à l’expliquer, voire à le justifier. Comme sur BFM : « Faut-il y aller ou ne pas y aller (dans Gaza – NDLR) ? Mon sentiment c’est que la destruction du Hamas est la condition sine qua non de la paix ou de la possibilité même d’un dialogue. » Avant d’ajouter : « Mais je ne suis pas sur le terrain. » Saine précision.

« Vouloir la paix commence par l’élimination du Hamas », poursuit un autre philosophe médiatique, Bernard-Henri Lévy, dans le Point. La paix commence par les bombes, pour celui qui cosigne aussi une tribune dans le Figaro avec l’ex-premier ministre britannique Boris Johnson, appelant à ne pas oublier l’Ukraine à cause de Gaza. Les deux hommes y rejouent le couplet de la « guerre de civilisation » : Russie et Hamas, écrivent-ils, « forment une Internationale du pire, défendre Israël relève de la raison d’État des démocraties ».

Et tant pis pour les Palestiniens. « Il y a des victimes civiles, certes, mais ce sont des dommages collatéraux, on va dire », ose Olivier Truchot sur BFM. Sur LCI, le présentateur David Pujadas interroge, le 11 octobre : « Est-ce qu’il faut dire : un civil à Gaza, c’est la même chose qu’un civil en Israël ? » Chez la concurrence, ce n’est, sans surprise, guère mieux.

À un auditeur qui l’interroge sur les frappes sur l’enclave palestinienne, l’animateur d’Europe 1 et CNews Pascal Praud répond : « Je ne peux pas les condamner, parce que ça s’appelle une réponse. Israël ne vise pas des civils. » Le présentateur vedette du groupe Bolloré ajoute toutefois : « La plupart des experts rapportent que ce n’est pas dans l’intérêt des Israéliens d’apparaître comme des bourreaux sanguinaires. » Si les « experts » le rapportent, nous voilà rassurés.

 

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