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15 août 2009 6 15 /08 /août /2009 08:01

Les « Bleus » ont gagné, par un but à zéro, contre ces peuplades hyper nordiques, au membre complètement ratatiné par le gel !. Les Bleus sont des footballeurs français. Les Bleus sont aussi des rugbymen français. Les Bleus sont également des basketteurs français. Les Bleus sont les Français. Les Français sont des Bleus. Ils écoutent des radios, qui sont des radios pour Bleus et qui s’appellent France-Bleu. Bref le bleu est désormais la couleur patriotique franco-française. Les Français sont bleus des pieds à la tête. Ils ont le nez bleu, les femmes ont les seins bleus, les hommes ont la bite bleue. On ne voit pas pourquoi le drapeau français n’abandonnerait pas ses trois couleurs pour ne garder que le bleu.

Le bleu et surtout pas le rouge !

Si les Français étaient rouges, ça ferait une tache dans le paysage. Ce serait la révolution, le marxisme, le communisme, la faucille qui rend marteau. Ce serait la lutte des classes, la Commune de Paris, l’égalité, la liberté, la fraternité, peut-être même la fin de l’exploitation des pauvres. Ah ! non surtout pas le rouge. Heureusement qu’on a le bleu !

Cette valorisation du bleu remonte assez loin, exactement après la guerre de 1870. Il paraît qu’on doit ça à Gambetta. Mais ça ne s’est pas fait d’un seul coup, parce que les combattants de la guerre de 14-18 étaient affublés d’un uniforme garance, jusqu’à la fin de l’année 1914. Il n’a donc fallu que cinq mois pour que les chefs militaires français, particulièrement observateurs, s’aperçoivent que le rouge n’est pas une bonne couleur, question camouflage. En janvier 1915, l’habit garance a donc été remplacé par le « bleu horizon », mélange de laine blanche et de bleu clair. C’était astucieux, l’Etat Major français avait compris que le bleu horizon, avec un peu de chance, ça ne se voit pas sur l’horizon. Ca suppose évidemment que le soldat reste constamment placé sur une ligne de crête, là où se trouve, en permanence, l’horizon. Les chefs militaires ne sont pas cons. Du coup, ils ont inventé la « ligne bleue des Vosges », formule imaginée encore par Gambetta, natif de Saint Dié et qui voulait être inhumé face à l’ennemi, par solidarité avec les habitants de l’Alsace Lorraine. L’expression devint très populaire, notamment dans les cimetières. Les Français, revanchards, voire carrément pas contents d’être morts, eurent désormais l’œil fixé sur la « ligne bleue des Vosges ». Encore heureux que les Espagnols n’en aient pas profité pour nous attaquer par derrière ! Beaucoup sont danseurs, et Coluche faisait dire, dans un sketch célèbre, à une brave femme, dont le fils était danseur : « Alors votre fils aussi, il est pédé ? »

Donc, le symbole de cette couleur bleue n’est pas innocent du tout. Elle signifie que la culture française n’existe plus que par rapport à une histoire lointaine, bien enracinée dans le fond du cerveau. Le kaki a remplacé le bleu horizon en 1935 pour les uniformes militaires. Certes, on eut le bleu de chauffe, habit de l’ouvrier, qui, peut-être, englobe, dans cette nouvelle dénomination, des Français. C’est encore de l’histoire de France, et de la bonne ! Je pencherais plutôt, pour le sens qui est donné à cette couleur dans les « cités » et les « quartiers » dits « sensibles » : les Bleus sont des flics, avant tout !

Et ces Bleus m’énervent parce qu’on a oublié la « Gauloise bleue », devenue ringarde pour les nouvelles générations américanisées.

Je ne vois pas pourquoi l’on a joué ainsi sur cette couleur, d’autant qu’elle se prête à de nombreuses plaisanteries et entre dans des locutions très diverses.

C’est une question secondaire ?

Pas tout à fait autant qu’il n’y paraît à première vue : le rouge est toujours associé au danger, et pas seulement quand le feu passe au rouge. « Tous les indicateurs sont au rouge » disent les journalistes spécialisés quand ils estiment qu’on entre dans une phase économique difficile. Et le jour du 15 août la journée sera « rouge ». Alors il y aura des communistes partout ? On va revoir les banlieues rouges ? Les gardes rouges ?

Non la journée sera bleue, puisqu’il y aura un flic tous les dix mètres.

Au fait, c’est quoi, un « bleu » ? A l’origine, c’est un conscrit nouvellement arrivé et Alain Rey date l’intrusion de ce mot dans la langue française en 1840. On disait aussi « bitau », un mot venu de la région de Genève sous la forme « bisteau », qui désignait un apprenti tout nouvellement arrivé. Toujours est-il que c’est de là que nous vient le « bleu-bite », qui qualifie un jeune soldat inexpérimenté.

Mais aujourd’hui, comme le dit encore Alain Rey, le bleu-bite est bien « senti » comme un composé de « bite ». Notez que vous n’êtes pas obligé de « sentir » toutes les bites qui passent, sous prétexte que vous êtes mus par un patriotisme particulièrement puissant.

Vous me rendez grossier. C’est à cause de la petite victoire « étriquée » (de « trique », je n’insiste pas) de la France aux Féroé. Je trouve que les Bleus ont eu la bite un peu courte. Ils n’ont gagné que d’une courte tête. Une tête de nœud, évidemment.

 

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commentaires

O
En voilà un article jouissif ! Merci Rolland pour tes commentaires colorés et teintés de cet humour qui se fait par trop rare. Odette L-E, une fidèle depuis l'heureux temps d'Artigues.
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