Alors comme ça, Tibéri il est mis en examen « pour sollicitation de prostitution mineure » ? Ma femme rectifie : « Tu comprends rien, c’est Ribéry ! Tibéri c’est l’affaire des emplois fictifs, c’est fini, cette affaire là, c’est une vieille affaire ». « C’est une affaire quand même » ! Je suis obstiné, têtu, je n’oublie rien. Par exemple, je confonds Betancourt et Bettencourt. Liliane et Zahia.
Ma femme me dit : « Liliane Bettencourt, elle est bien plus vieille, sauf le respect que je lui dois… » Façon de parler, c’est une pute quand même, une pute financière ! Moi je ne leur dois aucun respect à tous ces enculés, à tous ces enculeurs qui font l’actualité.
Avec quoi ils la font, l’actualité, d’abord ? Avec les « affaires ». Les affaires sont les affaires, même que c’est une pièce d’Octave Mirbeau, remarquablement reprise il y a quelques années par la Comédie de Limoges. Vous avez observé comme moi que ce titre, venu d’une maxime célèbre, n’est pas très explicatif, sauf si on lit entre les lignes. Et alors, est-ce bien la peine d’écrire des lignes, si c’est pas elles qu’il faut lire ? Oui, c’est la peine, pour nos chefs, qui réussissent à faire de l’information une sorte de bouillie imbuvable, mais qu’on boit quand même. Je sens qu’il va falloir se lancer dans des explications. Prêts ?
Les affaires d’abord, c’est quoi ?
Au départ, des opérations financières ou commerciales, bonnes ou mauvaises.
Et puis, par la suite, une « affaire » est un scandale, une escroquerie. Mais je ne peux pas passer sous silence le sens sexuel, sinon vous allez m’en vouloir. Alors voilà ma citation :
« Pas si mal que ça, ce type…je suis con de n’avoir pas accepté. Après une semaine de chasteté… j’avais envie…et c’est l’autre grosse vache qui se fait sauter…et puis ça dure…c’était sûrement une affaire, ce type…qu’est-ce qu’elle a dû prendre ! La sâââlope !... »
C’est du regretté Reiser, dans « Les femmes » et c’est une femme qui parle. On retrouve ce dialogue dans le film « Vivent les femmes ! » de Confortès et Reiser. C’était en 1983. A l’époque Philippe Val parlait d’enculer les ministres. Les temps changent.
Je disais quoi, déjà ? Ah ! oui, la Bettencourt est une salope. C’est pourtant une affaire, mais plus au lit, je pense. Je voulais en venir exactement à une petite remarque sur la façon dont une affaire en cache bientôt une autre, avant d’être cachée à son tour.
Les vieillards comme moi se souviennent certainement de l’Affaire Boulin. Le ministre fut retrouvé noyé le 30 octobre 1979 dans un étang de la forêt de Rambouillet. Noyé mais avec les poumons secs et pas mal de violences sur la tête notamment. En fait, il a été exécuté pour des raisons politiques et j’aime rappeler que « l’honnête » Badinter avait déposé une plainte en diffamation contre les enfants du ministre, sous prétexte qu’ils cherchaient la vérité. (Début des années 80).
Ce qui est intéressant, c’est que, pour la première fois à ce niveau-là, une affaire va en cacher une autre. En effet, le 2 novembre 1979, Mesrine est abattu, porte de Clignancourt à Paris et l’affaire Boulin s’efface devant la mort de l’ennemi public n°1.
Eh bien, ça marche comme ça, maintenant, une affaire en efface une autre. L’affaire Betancourt détournait les esprits, braqués sur la situation économique du pays, et encore sensible à l’affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris. Elle renforçait aussi la « popularité » de Sarkozy.
Aujourd’hui, c’est l’affaire Bettencourt qui accapare les esprits. Elle n’atteint pas vraiment les ministres actuels, mais elle fait oublier la politique des retraites.
Et puis, de toute façon, l’affaire Ribéry va faire oublier l’affaire Bettencourt, et après on en trouvera d’autres, de préférence un peu sexuelles.
Les affaires de cul, il n’y a rien de tel pour vider la tête.