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23 octobre 2021 6 23 /10 /octobre /2021 09:05

Dans la presse, il y a des sujets plus porteurs que d’autres : le IIIème Reich et Adolf Hitler en font partie ! Intérêt historique prononcé pour l’aquarelliste autrichien ou curiosité morbide pour une période historique taboue du XXème siècle, le nazisme fait cliquer et vendre. Le Figaro fait office de premier de cordée en la matière mais n’est pas le seul organe de presse à surfer sur une Histoire, avec un grand H, vieille maintenant de plus de 70 ans.

Entre le 11 octobre 2020 et le 11 octobre 2021, 277 articles du Figaro en ligne mentionnent Adolf Hitler, soit plus de cinq articles hebdomadaires en moyenne sur une année ! Joli score pour l’un des plus gros titres de France. Parmi ces articles, il convient certes de faire le tri : certains traitent d’émission télévisées historiques ou de faits divers en lien avec le personnage comme les affiches comparant le président Macron à l’ancien chef d’État allemand voire même de petites polémiques contemporaines. Comme quand la journaliste de RMC Apolline de Malherbe croit malin de demander à un autre intellectuel contemporain, Cyril Hanouna s’il aurait invité Hitler à la télé ?

Objet d’un intérêt tout particulier, Adolf Hitler a droit à un papier pour chaque nouvelle archive ouverte ou chaque nouveau livre écrit à son propos. Ainsi Le Figaro nous apprenait il y a quelques années qu’Hitler aurait été un drogué à la méthamphétamine mais qu’en revanche la rumeur selon laquelle il n’aurait qu’un testicule relevait de la légende… Alors que Franco lui en aurait vraiment perdu une au combat…

Si certains papiers ont un intérêt d’un point de vue historique, de nombreux articles publiés ont tout du phénomène « pute-à-clic », c’est-à-dire du contenu qui incite à cliquer derrière des titres accrocheurs. Ainsi, si l’on ne prête pas toujours deux testicules à Hitler, Le Figaro lui attribue une grosse montre ! Le 1er octobre un article intitulé « Il était une fois la montre perdue d’Hitler » illustre bien ce phénomène : mais à y regarder de plus près, rien n’assure qu’elle fut vraiment à lui… Les biographes du chef d’État allemand argueront d’ailleurs que le principal intéressé, qui ne portait pas de montre mais avait des goûts assez simples n’aurait certainement pas porté un tel bijou et qu’il s’agit tout au plus d’un cadeau qu’on lui fit…

Dans la même veine, un long papier sur le crâne supposé d’Hitler, qui serait à Moscou, paru le 7 mai 2021 joue aussi sur le titre racoleur « A Moscou, l’incroyable histoire du crâne d’Adolf Hitler ». L’article nous apprend finalement, au dernier de la vingtaine de paragraphes que compte le papier, que : « faute d’analyse génétique, un doute peut subsister concernant le crâne » évoquant une « authenticité vraisemblable ».

Pourquoi tant d’articles ? La presse française serait-elle gangrenée par des restes de la «bête immonde» ? Si notre attention s’est ici portée sur Le Figaro, champion de l’article hitlérien, il faut tout de même signaler que Le Monde, certes plus timide, propose une bonne centaine « seulement » de papiers évoquant le Führer au cours de la même période, alors que Libération déçoit avec seulement 99 références !

 

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23 octobre 2021 6 23 /10 /octobre /2021 08:48

Ce sont les anglo-saxons qui ont inventé le terme de fake news, alias “infox” en français, expressions qui ont remplacé nos bons vieux bobards. Bobardier d’élite, Colin Powell mort ce 18 octobre, demeure le détenteur envié jusqu’à ce jour de la plus belle fausse nouvelle du XXIème siècle ou de la plus épouvantable, au choix.

Retour en arrière de 18 ans. Saddam Hussein est encore au pouvoir, les États-Unis sous la présidence de George W. Bush veulent envahir l’Irak qu’ils accusent de préparer une guerre mondiale ou tout du moins d’en avoir les moyens. Le dictateur sunnite disposerait d’armes de destructions massives susceptibles de toucher « le monde libre », dont les États-Unis. Ces armes biologiques, virus, anthrax peuvent toucher leurs cibles grâce à de nombreux missiles intercontinentaux. Tous ces préparatifs guerriers ont été menés dans le plus grand secret mais la CIA veille : les usines qui fabriquent les armes neurotoxiques sont repérées, oncle Sam peut agir pour défendre la démocratie et la liberté.

Colin Powell, alors à la tête de la diplomatie du gouvernement Bush, monte à la tribune des Nations-Unies, d’un air grave. Il s’appuie sur la résolution 1444 du 8 novembre de l’année 2002 qui accusait l’Irak de détenir des armes de destruction massive et lui donnait un délai pour les désarmer au travers d’inspections internationales. Powell présente des cartes : usines de missiles, centres de fabrication de virus sous couvert de pharmacie industrielle. Il brandit une fiole contenant de l’anthrax, un agent biologique virulent, le monde est en danger.

Le mois suivant les américains envahissent l’Irak, l’armée irakienne est défaite rapidement, Saddam Hussein sera fait prisonnier et exécuté en 2006, on compte plusieurs centaines de milliers de morts directs ou indirects de l’invasion, les déplacés sont des millions, 18 ans plus tard le pays n’est toujours pas stabilisé.

De missiles nulle trace, d’agents neurotoxiques nulle trace. Tout était inventé. Powell avait pourtant affirmé « Chacune des déclarations que je fais aujourd’hui s’appuie sur des sources, des sources solides ».

Il a déclaré ensuite qu’il avait été trompé par la CIA en même temps que George W. Bush. On peut les croire mais on peut aussi penser qu’ils ont menti volontairement pour justifier l’invasion.

Si cette invasion fût un succès militaire, on pourrait penser qu’elle fût un échec politique. Tout dépend des objectifs de l’invasion. Si les objectifs étaient par exemple la destruction d’un des rares régimes laïcs de la région pouvant constituer une menace pour Israël, ou bien d’utiliser massivement l’arsenal de guerre américain pour relancer le marché militaro-industriel ou encore d’affaiblir un état pétrolier indocile, on peut considérer que l’opération fût plutôt un succès. Un succès bâti sur le mensonge, la manipulation de l’opinion mondiale et la complicité des médias.

 

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16 octobre 2021 6 16 /10 /octobre /2021 09:30

Zemmour sera le prochain repoussoir qui fera élire Macron. Le monopole Le Pen est terminé : le père a rendu la main, la fille a tellement arrondi les angles qu’elle ne fait plus peur à personne. Quant à la nièce, personne n’y croit.

Zemmour sera le perdant du deuxième tour, désigné comme tel et porté volontaire. On lui trouvera les 500 signatures les doigts dans le nez comme Chirac les avait trouvées pour Le Pen en 2002. En attendant, les médias vont faire monter la sauce dans un accord parfait. Déjà il ne se passe pas à un jour sans que Zemmour, prétendument censuré, soit longuement interviewé sur un plateau de télé. Sur l’un d’eux on s’est même interrogé pendant une heure, entre experts politiques de haute volée, pour savoir si des fois on parlerait pas trop de Zemmour à la télé !

Tous les polichinelles iront débattre avec lui, en bons complices fréquentant les mêmes crèmeries. Mélenchon l’a lui-même intronisé sur BFM-TV (Mélenchon est en privé un vieux copain de Zemmour, invité à ses anniversaires).

Ah ! que toutes ces vieilles combinaisons me fatiguent ! On avait eu Le Pen le satanique contre Jésus-Chirac, la mégère non apprivoisée contre Sarkozy le nettoyeur, Marine l’hystérique contre Macron le gentil gendre. On nous prépare le prochain duel : Zemmour le roquet exaspéré contre Macron le tyran repenti.

Mais pour que la chute fonctionne, il faut le faire monter au maximum, le petit Zemmour. Le pipoliser. On le trouvait un peu coincé aux entournures avec son noeud coulant autour du gosier. Alors on l’a pris en photo fricotant avec une jeunesse pour montrer qu’il y avait bien un homme sous la cuirasse. Grosse ficelle ! Attaquons-le plutôt sur son propre terrain.

D’où vient-il, Zemmour ?  Il est descendant des familles Aouizerate, Attali, Achour et Satoun (séfarades). Il est marié à Mylène Chichportich, descendante des familles Sellem, Guedj et Nedjar (séfarades). Serge Nedjar, directeur de la chaîne Cnews appartient à la même famille. La maîtresse de Zemmour s’appelle Sarah Knafo (séfarade), proche de Jacques Attali (séfarade) et Xavier Niel avec qui elle dîne en ville. La photo du couple adultère est parue dans Paris Match dont le directeur de rédaction s’appelle Hervé Gattegno (séfarade) marié à Anne-Cécile Sarfati (séfarade). Les soutiens financiers de Zemmour pour sa campagne s’appellent Julien Madar (séfarade) et Jonathan Nadler (séfarade), banquiers d’affaires venus de chez Rothschild et JP Morgan.

Eh bien pour un type qui s’oppose au communautarisme, on peut pas dire qu’il montre l’exemple, le petit Zemmour.

Parlons de l’islam qui serait selon lui une religion de superstitieux (entre autres). Zemmour a pourtant dans sa cuisine deux frigidaires : un pour la viande, un pour le lait. Il existerait donc des superstitions moins ridicules que d’autres ?

Son programme maintenant. D’abord il veut imposer des prénoms français aux nouveaux-nés. Jugez vous-même du sérieux de cette réforme qui nous priverait de tous les prénoms étrangers, y compris les prénoms américains qui font pourtant fureur dans les foyers français.

Il va stopper l’immigration. Ce sera difficile pour quelqu’un qui veut rester dans la zone euro, l’Union européenne et l’espace Schengen, de contrôler tous les bateaux, cargos, avions, trains, voitures, camions arrivant par les routes, le ciel, les mers, chaque minute de la journée, 365 jours par an. Quand est-ce qu’ils se reposeront, nos 150 douaniers postés à des frontières fictives ouvertes à tous les vents ?

Enfin il va supprimer la loi Gayssot. Alors là, permettez-moi de rigoler. Jamais sa communauté le soutiendra dans cette entreprise. On ne retire pas l’os de la gueule du molosse sans se faire arracher la main. Il le sait bien d’ailleurs. Il souhaite seulement racoler chez les nationalistes (entre parenthèses, ni Rivarol ni Egalité et Réconciliation ont avalé ce bobard).

Alors qu’est-ce qu’il va se passer ? Eh bien après avoir monté en neige le petit Zemmour (et ses arguments-choc), on le fera retomber comme un vieux soufflet avec un questionnaire très simple : comment vous y prendrez-vous, cher ami ?

La gauche par réflexe pavlovien votera Macron, les souteneurs de Zemmour aussi, les gilets jaunes et autres dissidents naïfs resteront chez eux pour soigner les effets de cet énorme enculage. Ce spectacle me déprime d’avance.

 

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16 octobre 2021 6 16 /10 /octobre /2021 09:14

C’est l’une des plus grosses fuites de données de tous les temps. Twitch (plateforme de streaming qui appartient au groupe Amazon) a été victime d’un gigantesque vol. Les sommes reversées aux créateurs de contenus depuis 2019, le code source de la plateforme ainsi que de ses applications sur consoles et mobiles ou encore d’autres données de plateformes appartenant à Twitch, comme IGDB et CurseForge... bref des dizaines de milliers de documents confidentiels sont disponibles en libre-service sur internet. Un hacker anonyme a revendiqué son acte sur le forum 4Chan expliquant que Twitch est un « cloaque dégoûtant et toxique ». Avec son acte, il voudrait « inspirer plus de contraste et de compétition dans l’espace du streaming vidéo en ligne ».

Ce n’était vraiment pas une bonne semaine pour les GAFA. Deux jours avant l’énorme fuite de données de Twitch, tous les services de Facebook ont été inaccessibles durant plusieurs heures. L’action en bourse s’est effondré, perdant presque 5% dans la soirée. Mark Zuckerberg aurait perdu près de 7 milliards de dollars à la suite de cette panne.

Enfin, lors  d'un spectacle de lumière futuriste de 200 drones dans le centre commercial de Zhengzhou, dans la province du Henan, en Chine, un problème technique a fait chuter les appareils les uns après les autres, provoquant la panique des spectateurs. Ils étaient près de 5000 à regarder le show avant de devoir aller s’abriter en vitesse. Aucun blessé n’est à déplorer, mais plusieurs véhicules ont reçu des chocs. Des images impressionnantes.

 

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16 octobre 2021 6 16 /10 /octobre /2021 08:58

L’Etat français a pris de grands airs d’humanisme et de modernité en abolissant la peine de mort le 9 octobre 1981. En réalité, harmonisation des normes pénitentiaires européennes oblige, la France y a été forcée, c’était le dernier pays à le faire et Badinter a joué le rôle du justicier porteur de ce « combat capital ».

Certains se sont extasiés sur cette mesure qui était loin de faire l’unanimité dans la population française, mais les gouvernements successifs avaient préparé tout un arsenal juridique pour remplacer la guillotine par l’élimination sociale, bien plus efficace. En effet, depuis la suppression de la guillotine, les places de prison se multiplient et les peines s’allongent à l’infini, bien souvent
jusqu’à la mort. En moyenne, il y a une mort tous les trois jours en prison.

Des prisonniers de la centrale d’Arles ont dénoncé cette supercherie dès 2001, dévoilant ce qui se cachait derrière cet humanisme de façade : une refonte du système pénal français, une étape dans un processus dont le but reste l’élimination. En 2006, des prisonniers longues peines de la centrale de Clairvaux ont tenté une provocation désespérée : ils ont demandé « le rétablissement de la peine de mort pour eux-mêmes » pour ne plus subir la mort lente de l’enfermement.

La tendance n’était déjà plus au pseudo-humanisme ; et maintenant, covid oblige, plus l’État brandit des vies à sauver, plus il enferme et laisse mourir : les vieux dans les Ehpad et les prisonniers dans les prisons. Que l’on meure sous les balles de la police, sous les coups de matons ou bien de maladie au fond d’une cellule, l’Etat garde son pouvoir de vie et de mort. Il peut déléguer la peine de mort à d’autres pays qui se chargeront de leurs ressortissants ; il peut abattre celles et ceux qu’il considère comme des ennemis dans la rue : une exécution sommaire au vu du public, comme au bon vieux temps de la guillotine. Et il peut laisser mourir à petit feu.

L’Etat ne guillotine plus, mais il faut bien les supprimer d’une manière ou d’une autre, celles et
ceux qui le gênent, celles et ceux qui ne sont plus rentables, qui ne se soumettent pas. 40000 prisonniers en 1981, 48000 en 2001 , 60000 en 2011, 77000 en 2021… Le discours officiel présente toujours les nouvelles places de prison comme un remède à la surpopulation carcérale et un moyen d’améliorer les conditions de détention, et Dupont-Moretti – autre vieille star du barreau passée à la politique – n’échappe pas à la règle lorsqu’il annonce la construction prochaine de 7 000 places supplémentaires. Mensonge, évidemment : les nouvelles prisons seront bientôt aussi bourrées que les anciennes ; et quand l’horizon de l’encellulement individuel dans des prisons high-tech est ponctuellement atteint ici ou là, les témoignages ne manquent pas pour montrer que c’est le début d’un autre enfer : celui de la privation sensorielle et de la rupture de tout lien social.

Depuis l’abolition, le système pénal se donne les moyens de punir toujours plus... Plus les peines
prononcées se multiplient, plus elles s’allongent. L’allongement d’une peine en particulier a un effet sur toutes. La création incessante de nouveaux délits induit directement cet allongement des peines : un juge qui peut vous coller une peine de prison pour avoir téléphoné au volant en récidive ou refusé de payer des amendes pour non-port du masque n’a aucun mal à condamner un prévenu à trois ans pour un vol simple, et un mineur à dix-huit ans de prison pour un jet de cocktail Molotov sur la police, comme dans l’affaire de Viry-Châtillon jugée en avril 2021. Partant de là, même une condamnation à trente ans d’enfermement ne surprend plus guère. Trente ans : le temps d’un crédit immobilier.

 

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merci à http://mai68.org/spip2/spip.php?article9831

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16 octobre 2021 6 16 /10 /octobre /2021 08:45

Ce type d’élevage poursuit les pratiques cruelles utilisées dans la filière des œufs. À l’éclosion, les poussins femelles sont séparés des mâles. Jugés inutiles pour l’industrie des œufs, les poussins mâles sont éliminés, soit gazés, soit broyés.  Les poussins femelles ont le bout du bec coupé afin de limiter les conséquences des agressions mutuelles (picage des plumes) dues au stress provoqué par l’extrême promiscuité. Cette opération réalisée sans anesthésie, appelée épointage ou débecquage, est douloureuse et a pour conséquence directe la perte de certaines capacités sensorielles. Les poussins sont élevés sans aucun contact avec leur mère, en groupes de quelques milliers d’individus tous du même âge : il n’y a pas de poules ou coqs adultes avec eux.

De plus, les 39 999 poulettes seront entassées durant 17 à 18 semaines, avec un taux de mortalité à 2,5 % près de 1 000 poulettes sont destinés à mourir si le projet se concrétise.

Le "plein-air" est un argument marketing et trompeur. Selon une enquête menée par Rue89 Strasbourg dans poulailler plein-air dans le Nord de l'Alsace, sur les 38 000 individus, environ 1 500  au total étaient dehors, soit 3% de l’effectif seulement.

« C’est la proportion qu’on estime en général dans ce type d’élevage, quand les trappes sont ouvertes », explique Anne Vonesch, vice-présidente d’Alsace Nature et membre du groupe de dialogue civil sur les productions animales de la Commission européenne.

Par ailleurs, les émanations d’ammoniac provenant des fientes, rendront l’atmosphère malsaine pour les animaux. L’ammoniac occasionne des brûlures sur la peau des oiseaux ainsi qu’aux poumons. Le nettoyage des bâtiments d’élevage n’est en effet réalisé que pendant le vide sanitaire, entre chaque bande d’élevage.
Les conditions d’élevage sont propices au développement de parasites et d’inflammations cutanées. Les traitements médicamenteux et des vaccinations deviennent indispensables pour y remédier.

Cet élevage serait en totale contradiction avec l’article L214-1 du Code rural qui précise que « tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce ».

 

L'article entier et la pétition

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9 octobre 2021 6 09 /10 /octobre /2021 10:16

Quand il aura quitté le gouvernement, notre actuel Premier ministre pourra se reconvertir sans peine : la scène l’attend et la gloire avec. Sa voie est toute tracée. Quand ses prédécesseurs se reconvertissent dans le conseil et la finance, lui sera stand-uppeur, cette version moderne du comique troupier.

C’est vrai que Jean Castex est impayable dans le rôle du gugusse. Qu’il cherche les lunettes qu’il a sur le nez, commente les chiffres fumeux de la pandémie ou l’actualité, cet homme est l’un de nos grands talents comiques. Il nous l’a prouvé encore, ce 1er octobre, à Rennes, où il venait annoncer la bonne nouvelle gouvernementale en compagnie de messieurs Darmanin, ministre de l’Intérieur, Blanquer, ministre de l’Éducation, et Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale.

L’affaire était d’importance, on l’a compris. Il se trouve, en effet, que Rennes – comme Nantes et tant d’autres, d’ailleurs – est devenue une ville gangrenée par la violence et le trafic de drogue. « Dans l’agglomération, la circulation de stupéfiants ne cesse de se développer. Les forces de l’ordre et la justice ont repéré une quinzaine de points de deal réguliers. Entre 2019 et 2020, les saisies de drogue opérées par les policiers ont grimpé de 107 % », souligne France 3.

Face à cela, le Premier ministre venait proposer son nouveau «contrat de sécurité intégrée». Mesure phare : «De nouvelles amendes forfaitaires délictuelles», notamment une « amende pour occupation illicite d’un espace commun ». Comme l’a expliqué, sur France 3, le procureur de la République de Rennes, « cela ne vise pas spécifiquement les dealers mais cela peut s’appliquer pour eux. D’un montant de 200 euros, l’amende pourrait aider à sécuriser le bas de certaines tours d’immeubles, car la présence de guetteurs et de trafiquants trouble profondément l’ordre public local. »

Acceptons-en l’augure, certes, mais ça n’est pas gagné… Ainsi, à la veille de cette visite gouvernementale, la police locale a eu à intervenir dans le quartier de Bréquigny, où les habitants ont vu des menaces placardées sur la porte de leur hall : « Pour toute coopération avec la police, des représaille seront faite. On sait tout. La coopération c’est donner des info, ouvrir sa porte au policier, on sait c’est quel fenêtre grace au photo. Pour toute coopération, c’est REPRESAILLES !!! » En bon français dans le texte.

 

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9 octobre 2021 6 09 /10 /octobre /2021 10:08
Emmanuel Ratier dans le tome 1 de son Encyclopédie politique française (1992) présentait Bernard Tapie comme un « directeur de société » dont la biographie réelle était difficile à établir (à l’image de son casier judiciaire) tant cet « aventurier » (on commence gentiment) s’est échiné à brouiller les pistes sur son parcours…

En 1969, il lance avec le « gaulliste de gauche » Marcel Loichot, fondateur entre autres de la Sofres (institut de sondages), le Club Bleu, une centrale d’achats et de services pour les consommateurs adhérents. Deux ans plus tard, face à l’échec du Club Bleu, les deux partenaires fondent le Grand dépôt, un des premiers magasins à prix réduit (discount) de France. Faute d’une rentabilité suffisante, la faillite sera prononcée en 1972...

Bien décidé à rebondir et ayant apprivoisé les « procédures collectives », Bernard Tapie devient dirigeant des opérations de vente d’appartement de vacances en multipropriété (Maillot 2000).

Sa cagnotte reconstituée, il lance en janvier 1975 Cœur Assistance et Cœur Assistance distribution (« Le seul échec de ma vie » selon l’intéressé) : les 350 malades cardiaques adhérents étaient assistés en cas d’incident par une ambulance et une moto. L’opération sera stoppée après la mort d’un des malades (pourtant secouru) et le dépôt de bilan sera déposé en juin 1975...

En 1977, il rachète le casino de Luc-sur-Mer (Calvados). L’agrément du ministère des Finances lui ayant été refusé, il revend l’établissement à un groupe d’investisseurs. Il se toume alors vers l’industrie, où il va se tailler un empire, avec l’apport de Jean-Louis Borloo, futur « chevalier blanc » de Valenciennes, et divers syndics. Grâce à sa « science » de la Loi sur les faillites de 1967, des procédures peu connues en France comme le leverage-buy-out et l’appui de banques comme la SDBO (Crédit lyonnais) dirigée à l’époque par Pierre Despessailles, il rachète d’abord des entreprises dans le domaine de l’imprimerie : Doverger, Diguet-Deny, Sapap, Brochage-express, etc.. Suivra l’épisode rocambolesque du rachat des propriétés et biens de l’ex-empereur de l’Empire centrafricain Jean-Bedel Bokassa (annulation de la vente).

Le « Zorro de l’industrie » va ensuite racheter La Vie Claire (diététique, revendue en 1992 à Pierre Botton, gendre de Michel Noir), Testut (pesage), Terrallion (pesage), L’Herbier de Provence, Toshiba France (avec Georges Tranchant qui a par la suite porté plainte contre Tapie), Soleillou, Tournus (revendu à Seb), Donnay (raquettes, revendu à Carbon Valley), Trayvou, Wrangler, Léonard, Soubitez, AMAP, Karo, Ferme Saint-André, Grès production parfums, Vivalp, Look...

Grâce à Look, société de fixations de ski installée à Nevers et rachetée en 1983, il se fera un obligé du nouveau maire Pierre Bérégovoy, qui n’a, depuis lors, cessé de le soutenir, en particulier auprès des banques.

"Disons que la gauche a permis le phénomène Tapie, en m’ouvrant les robinets. Avant, j’étais tricard, interdit de télé, de rendez-vous avec les banquiers ou les fonctionnaires des Finances (...)" (Libération, 11 avril 1986)

Sur les « conseils éclairés » de Jacques Séguéla, qui le présente à François Mitterrand, Bernard Tapie se lance en politique fin 1987. Il avait pourtant déclaré en 1984 : « Le jour où je ferai de la politique, je serai baisé comme les autres. » Invité régulier d’Anne Sinclair dans l’émission Sept sur Sept, il dénoncera le « lepénisme » et vantera les mérites du « mitterrandisme » quelques jours avant l’élection présidentielle de 1988.

Sur instruction directe de Jean-Louis Bianco, à la demande du président de la République François Mitterrand, Tapie est alors parachuté à Marseille avec l’étiquette « Majorité présidentielle » pour affronter Jean-Marie Le Pen dans la 6e circonscription. Son directeur de campagne sera Gérard Bismuth, responsable de la communauté juive de Marseille.

Bernard Tapie faillit d’ailleurs ne pas être candidat, n’étant ni électeur dans la circonscription ni inscrit sur une liste électorale (on trouvera après coup une « jurisprudence »). Son adverse, l’UDF-PR Guy Tessier, que Tapie traitera de « crapule raciste » (il sera condamné) ne l’emporte que de 84 voix le 12 juin 1988. Battu, Tapie rate ainsi son entrée au gouvernement de Michel Rocard. Toutefois grâce à la diligence du cacique socialiste Charles-Emile Loo, il obtient l’annulation du scrutin. Comme « représentant de la société civile », il est finalement élu le 29 janvier 1989 avec 623 voix d’avance. Son seul document politique de campagne sera une photo le représentant avec sa famille sous la légende «Marseille unie»…

Le 17 juillet 1990, en utilisant habilement la presse dans un « raid médiatique », ce « jongleur financier » (dixit la presse allemande) prend le contrôle du groupe allemand Adidas.

En mars 1991, Pierre Mauroy, premier secrétaire du PS, déclare à propos de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) : « Si Bernard Tapie le décide, il sera un excellent candidat, le meilleur que nous puissions avoir pour gagner la région. »

Il bénéficie dès lors d’un soutien sans faille des socialistes. Alors qu’il est l’objet d’enquêtes de la brigade financière et que plusieurs responsables de l’OM sont interrogés par la police, Michel Rocard l’assure du « soutien attentif et total tant de l’Élysée que de Matignon ». Peu après, il sera suspendu le 28 janvier 1991 par la Commission nationale de discipline du football sportif pour « manquements graves à la morale sportive, propos injurieux à l’égard des arbitres, menaces proférés contre les mêmes et tentatives d’intimidation »... Depuis juillet 1991, il fait également l’objet d’une demande du parquet de Marseille auprès de la Chancellerie pour l’inculper pour les comptes de l’OM.

Rédigé en 1992, ce portrait (résumé) de Bernard Tapie par Emmanuel Ratier suffit à comprendre le personnage. Prédateur arriviste prêt à toutes les magouilles pour « réussir », le « libéral » Tapie incarne parfaitement le changement d’époque opéré en France dans les années 80 : l’individualisme forcené et l’impunité financière qui illustrent son parcours annonçaient déjà les désastres de la mondialisation pour le peuple français. Et si son itinéraire restera comme le symbole d’une époque où l’argent est devenu roi, il nous dévoile encore plus les véritables rois de cette époque : littéralement tenu par ceux avec lesquels il a pactisé, Bernard Tapie passera les trente dernières années de sa vie empêtré dans les affaires judiciaires, entre procès, condamnations et incarcérations d’un côté et reconversions foireuses dans le culturo-mondain de bas étage (films, séries télé et pièces de théâtre minables) de l’autre. Une déchéance relativement masquée par le bling-bling, la gouaille facile et une victoire en Coupe d’Europe de foot, mais une déchéance tout de même…

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9 octobre 2021 6 09 /10 /octobre /2021 10:01
Après 16 ans de chancellerie et quatre victoires électorales, Angela Merkel se retire. Que restera-t-il de son bilan ? Un événement considérable : le choix de la fin de la civilisation occidentale chrétienne.

Angela Merkel avait pourtant des atouts hors du commun. Elle réussit à s’allier successivement avec tout l’échiquier politique allemand avec une habileté manœuvrière rare. Elle sut résister aux pressions et menaces américaines pour imposer le gazoduc russe Nord Stream 2. Elle savait être mordante : on se rappelle, dans son pays, ce mot lâché au Figaro à propos de Nicolas Sarkozy : « Je dois avouer que je ne savais pas qui était cet homme jusqu’à ce que mon mari m’offre un coffret de DVD de Louis de Funès. Ensuite, j’ai su qui était Nicolas Sarkozy. »

Mais, obsédée par les sondages, elle faisait sien le moindre mouvement d’opinion ayant une ampleur significative. Ainsi pour les migrants. On se rappelle la photo du corps du petit Kurde gisant sur une plage turque qui fit le tour du monde. Merkel comprit que l’opinion s’était retournée et ce fut le fameux « Wir schaffen das » (« Nous y arriverons »), donnant le coup d’envoi à l’accueil improvisée d’une immense cohorte de migrants venus du Proche-Orient, d’Asie centrale et d’Afrique. Personne n’a encore fait le compte du bouleversement démographique et religieux que cela engendrera à long terme.

La chancelière s’est ensuite défendue d’avoir pris la décision seule. Il fallait, en effet, donner une réponse à l’Autriche, totalement débordée, et qui avait besoin de connaître la position allemande. Elle appela, dans la même soirée, ses alliés du SPD qui, en bons socialistes, donnèrent leur feu vert. Mais fort opportunément, elle ne put joindre les dirigeants de son propre parti. Le patron de la CSU bavaroise, en particulier, qui se serait violemment opposé à cette perspective. Horst Seehofer ne cessera de rappeler, par la suite, qu’il dormait chez lui et que si la chancelière avait vraiment voulu lui parler, il n’était pas difficile à trouver.

De même, elle oublia purement et simplement d’en parler à ses partenaires européens, mis ainsi devant le fait accompli.

La sortie précipitée du nucléaire relève de la même logique du sentiment : après l’incident nucléaire de Fukushima, l’opinion publique allemande, très en pointe sur le sujet, s’inquiéta et des manifestations eurent lieu pour sortir du nucléaire. Elles ne furent pas d’une ampleur considérable mais suffisantes pour que Merkel, approuvée cette fois par l’ensemble de la classe politique allemande, fasse voter la sortie du nucléaire à une écrasante majorité, le 30 juin 2011. Depuis, les centrales à charbon tournent à plein régime. Allez comprendre…

Pour l’adoption du mariage homosexuel, c’est encore mieux. Merkel, digne fille de pasteur, y était opposé. La gauche (Verts, SPD et Die Linke) avait annoncé que cette question serait un thème majeur de la campagne de 2017. Alors, pour couper l’herbe sous le pied de ses adversaires, elle permit l’inscription du mariage homosexuel à l’ordre du jour de la séance du 28 juin 2017…

Au Panthéon des fossoyeurs de l’Europe, la gentille Mutti figurera en bonne place.


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2 octobre 2021 6 02 /10 /octobre /2021 10:08

Sur la route blanche, le plouc s'en allait rarement. Il observait d'un œil inquiet l'endroit où le chemin fait un coude, en direction des contrées étrangères situées à quelques portées de fusil, et puis il rabattait sa casquette et rentrait chez lui : le chemin des ploucs n'est pas un chemin pour partir.

Un jour pourtant, les ploucs emprunteront une dernière fois la route blanche et ils disparaîtront dans la poussière, très loin de l'autre côté de l'horizon, là où on ne va jamais. Les ploucs seront au paradis.

C'est ma grand-mère qui me l'a dit. Et ma grand-mère ne ment jamais.

Le paradis, c'est un grand jardin, avec des cerisiers, des pêchers de vigne et un vieux pommier tout au fond de l'allée, comme il est dit dans le catéchisme. En entrant à droite, on est saisi d'abord par le parfum des lis, qui vous transporte, littéralement : à sept ans, quand je franchissais la porte du jardin, je respirais très fort une fleur de lis et je m'envolais.

A gauche, il y a un rosier mousse. Grâce à lui je me suis envolé aussi plus d'une fois. C'était des odeurs très puissantes, comme on n'en fait plus maintenant, pour ainsi dire de la qualité d'avant-guerre. Depuis j'ai souvent essayé de m'envoler par ce moyen-là. Sans aucun succès : les parfums ne sont plus ce qu'ils étaient et un certain alourdissement a peut- être rendu aussi le décollage plus laborieux. Pour en revenir au paradis, c'était aussi la nourriture du plouc : les poireaux, les salades, les choux, ça croît et ça se multiplie dans le paradis. Le dessert également : fraises, groseilles et framboises à volonté. Même les hors- d'œuvre : radis et tomates à plein raviers !

Tout au fond du jardin, sous le pommier, est installé un fauteuil pliant où va s'asseoir mon grand-père avec son chien à ses pieds. Il restait là des heures, au milieu de son jardin, à observer les merles qui lui bouffaient ses cerises, les taupes qui lui suçaient ses carottes et les limaces qui lui vidaient ses fraises. Apparemment, il ne leur en voulait pas trop. A peine s'il tendait un ou deux pièges par-ci par-là, pour sauver l'honneur. Maintenant, avec le recul, je sais ce qu'il faisait, mon grand-père : il s'entraînait ! Il se détachait peu à peu du monde. Il entrait en contemplation, ni plus ni moins. Sans connaître le mot, évidemment, car le plouc ne disposait, dans le domaine religieux, que des connaissances théologiques fondamentales : en haut il y a le bon dieu, en bas, il y a le diable. Tout ce qui fait du bien, comme s'attarder le soir au bistrot, regarder les femmes par en dessous quand elles grimpent aux échelles, ou arrêter la charrue au bout du champ pour piquer un roupillon, c'est le diable. Tout ce qui fait du mal, comme monter les sacs de cent kilos au grenier, écouter le curé à genoux sur un banc et gaspiller son vin rouge avec de l’eau, c'est le bon dieu. L'idéal, ce serait de faire ce que dit le diable et que le bon dieu le sache pas...

 

ROLLAND HENAULT ("Articles volume 6 - 1988 - 1975" - Editions de l'impossible)

 

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